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DE
L'HISTOIRE SCIENTIFIQUE
AU DIX-NEUVIEME SIECLE

Mélanges scientifiques et littéraires, de M. Biot ; Paris, 1858.



On accorde aujourd’hui, dans toutes les branches des connaissances humaines, une importance sans cesse croissante aux études historiques. La philosophie ne se contente plus de développer et d’examiner des systèmes ; en étudiant l’ordre où ils se sont succédé, les circonstances où ils ont pris naissance, elle s’attache à découvrir la trace des opérations successives de l’esprit humain. En politique, on sent de mieux en mieux chaque jour que l’intelligence du présent fait défaut à ceux qui n’en comprennent pas toutes les relations, apparentes ou cachées, avec le passé. Les sciences théologiques, sortant de la routine de l’interprétation littérale, appliquent la critique moderne à l’étude des livres sacrés de toutes les nations, et conduisent l’érudition historique dans des chemins tout nouveaux. L’histoire des beaux-arts n’a pas été plus désertée que celle des philosophies et des religions ; elle prêtait à l’étude de l’antiquité un secours trop précieux pour qu’il en pût être autrement. Dans cette vaste enquête ouverte sur le passé, ce qu’on a le plus négligé est sans contredit l’histoire des sciences. On peut expliquer cet abandon par plus d’un motif. Les résultats auxquels aboutissent les travaux scientifiques ont un caractère général, absolu, indépendant du temps et des circonstances extérieures ; rien ne révèle le caractère individuel, l’influence des races, des mœurs, des préjugés, des passions, dans