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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 décembre 1858.

Une question de la plus haute importance pour le présent et pour l’avenir a été abordée très nettement ces jours passés par un organe de la presse quotidienne. La bourgeoisie et la liberté, tel était le thème. L’on décrivait avec une grande vérité les effets produits dans la vie générale du pays par la cessation du mouvement politique au sein des classes qui prenaient autrefois une part active au gouvernement des affaires publiques : l’éducation politique, qui enfante des hommes nouveaux, arrêtée ; les idées devenues rares et pauvres ; les bonnes choses, lorsque bonnes choses il y a, se faisant tristement et sans entrain ; l’opinion stagnante et dupe souvent des impressions les plus absurdes, qu’il est impossible de détruire parce qu’elles ne comparaissent point au grand jour des discussions : L’on n’avait pas de peine à démontrer qu’une pareille situation n’est bonne ni pour le gouvernement, ni pour les classes éclairées. — La langueur des esprits et l’effacement des résistances légitimes ne sont jamais une force pour le pouvoir : une unanimité passive n’est point naturelle ; les apothéoses continuelles des journaux officieux ne produisent pas plus le rayonnement glorieux dont s’illuminent les grandes situations que les instrumens vulgaires qui répètent sous la manivelle les mêmes cantilènes ne font d’harmonieux concerts. Comment sortir de là ? N’y a-t-il pas quelque chose à faire et pour le gouvernement et pour les classes politiques ? Oui, disait-on. Il serait grand temps de mettre un terme à cette torpeur : la France a besoin de ventilation. Le gouvernement donnerait une preuve de force en se dessaisissant du pouvoir discrétionnaire qu’il exerce sur la presse. La bourgeoisie reprendrait l’initiative qui lui appartient dans la vie politique, en consacrant l’influence qu’elle trouverait dans la liberté à l’amélioration intellectuelle et physique des classes populaires. — Tels étaient, si nous ne nous trompons, le dessein et là portée des articles auxquels nous faisons allusion. Plusieurs choses y étaient très bien dites et ont