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victoire ; si petite qu’elle soit, elle est utile, puisqu’elle maintient les droits de l’histoire ; elle est un bon signe dans le pays où elle est gagnée par l’opinion, cette force supérieure aux lois, selon le mot de M. Galeotti, et elle tourne au profit du Piémont et de la politique au-delà des Alpes, en concourant au même but, qui est l’émancipation morale et nationale de l’Italie.

CH. DE MAZADE.


À la fin de 1857, plusieurs journaux d’Angleterre et d’Italie parlèrent de certaines largesses du gouvernement napolitain à l’égard de quelques organes de la presse qui paraissaient soutenir la politique du roi Ferdinand II. Ignorant que ces insinuations avaient été réfutées, le rédacteur du chapitre Italie dans l’Annuaire des Deux Mondes de 1857-58 crut pouvoir en admettre quelque chose, en s’exprimant ainsi, pages 281-282 : « On a beaucoup parlé de gratifications accordées à divers journaux étrangers qui soutiennent la politique du gouvernement napolitain. Dans la liste publiée à ce sujet, l’Univers figure pour 2,400 ducats, la Gazette du Midi pour 1,200, la Bilancia (de Milan), le Cattolico (de Gènes) pour la même somme. » Bien que l’Annuaire se soit borné à mentionner des assertions de journaux qu’il ne prétendait ni garantir ni affirmer, il aurait mieux fait, nous l’accordons volontiers, de laisser ces bruits là où ils naissent trop souvent. Aussi, maintenant que nous connaissons le démenti très catégorique et très explicite donné par l’Univers à ces assertions, démenti qui a été inséré dans le Daily-News du 27 janvier 1858, nous n’hésitons point à retirer même la mention que nous avons faite de ces bruits dans l’Annuaire, non-seulement pour l’Univers, mais pour tous les autres journaux dont il a été question. Nous n’hésitons pas davantage à le déclarer à l’Univers et aux autres journaux nommés : nous regrettons que des assertions de ce genre aient trouvé place dans un recueil sérieux, qui veut être exact, sans chercher le succès dans les petites malveillances, et cependant nous n’attachions pas aux paroles citées plus haut le sens fâcheux qu’on avait cru y voir.

V. DE MARS.

REVUE MUSICALE


Enfin l’opéra des Trois Nicolas, dont l’affiche a pendant si longtemps annoncé la naissance, cet opéra-comique en trois actes, comme dit le programme, a été représenté tant bien que mal le 16 décembre de l’année qui vient de finir ; puis, comme si l’on eût été étonné d’une si grande hardiesse, on a dû suspendre pendant quinze jours encore la continuation d’un si beau succès. Ils auront mis un an peut-être à produire dans le monde ce beau chef-d’œuvre de niaiserie littéraire et de nullité musicale ! Encore leur a-t-il fallu le concours de M. Scribe, dont la main agile est venue débrouiller l’écheveau de quiproquos dans lequel ils s’étaient engagés. Et qu’on vienne se moquer après cela des pauvres librettistes italiens, dont l’imagination éperdue ne peut faire un pas sans la permission de la censure des jésuites !

De quoi s’agit-il donc dans les Trois Nicolas ? D’une historiette empruntée à la vie de Dalayrac, charmant compositeur français, qui naquit à Muret,