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de 1830 eut rétabli la commune sur le plan de 1789, il s’occupa aussitôt de l’amélioration de ses biens. En 1839, il provoquait sur ce sujet les observations des conseils-généraux, et chaque année il recueillait leurs avis. Les conseils-généraux n’ont pas cessé de réitérer leurs vœux depuis cette époque, et aujourd’hui la presse départementale leur vient en aide. Qu’on n’imagine pas toutefois que les choses en soient restées où elles étaient avant la révolution ; alors la mainmorte s’étendait sur tout le pays : les églises, les monastères, les corporations de toute sorte, détenaient les trois quarts du territoire, et de vastes domaines étaient dans un état de stérilité à peu près complète. La plupart de ces biens sont entrés dans le commerce et ont été livrés à l’agriculture ; l’aliénation des biens nationaux, le partage d’un grand nombre de communaux et la vente des biens des émigrés, ont jeté d’immenses possessions sur la place. L’agriculture a-t-elle tout envahi ? Nous ne saurions le dire ; ce qui est certain, c’est que depuis la révolution de 1789 elle s’est considérablement étendue et perfectionnée, ainsi qu’on l’a si bien démontré dans la Revue[1]. Ce qu’il faut proclamer, c’est qu’on doit chercher à en augmenter les bienfaits, tant qu’ils peuvent se répandre sur une plus grande portion du sol. Les questions de perfectionnement viendront ensuite ; on recherchera les moyens d’arrêter la dépopulation croissante des campagnes, et de fournir à l’agriculture les bras qui commencent à lui manquer dans beaucoup de régions, et dont la rareté deviendra plus grande encore par la nouvelle extension de la culture. En 1858 même, dans une des plus riches contrées agricoles de la France, la Normandie, beaucoup de cultivateurs ne sont parvenus à faire leur récolte qu’avec l’aide des soldats de la garnison voisine. Mais laissons à d’autres ces préoccupations et ces soins, et arrivons aux difficultés que la question d’exécution soulève en cette matière.

Par quels moyens les biens communaux seront-ils améliorés ? Les moyens qu’on a signalés se réduisent à trois ; ils consistent soit dans la vente des biens, soit dans le partage entre les habitans, soit en amodiations au profit de la commune.

Le partage, disons-le tout de suite, n’a guère de partisans. On y songeait déjà avant 1789 ; il fut même alors essayé dans plusieurs contrées, mais de quelle manière ? On comprenait si bien que les communaux par leur essence même n’étaient point susceptibles d’une appropriation individuelle et absolue, que, dans les partages qui furent opérés, on respecta assez généralement le caractère particulier de cette espèce de propriété. Ainsi un édit de 1769, enregistré

  1. Voyez l’étude de M. L. de Lavergne, Revue des Deux Mondes du 15 novembre 1858.