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LES AMERICAINS
SUR
LE PACIFIQUE

I.
PREMIERES ANNEES D'UNE VILLE DE L'UNION.



La découverte de l’or en Californie comptera certainement parmi les chapitres les plus curieux de l’histoire de notre temps. Il n’est personne qui ne se souvienne de l’avide empressement avec lequel étaient lus et commentés les premiers récits qui firent connaître les merveilles de cette terre de promission. La curiosité publique semblait insatiable de détails sur l’existence de l’étrange société qui avait surgi comme par enchantement au sein d’un pays inconnu ; ses mœurs insolites, sa composition hétérogène intéressaient jusqu’aux esprits les plus superficiels, en même temps que cette production inouïe du précieux métal, base de nos échanges, préoccupait à bon droit l’économiste, obligé de remonter à plusieurs siècles dans le passé pour trouver les élémens d’une perturbation analogue. Survint la découverte des mines australiennes, rivales des placers américains ; c’en fut assez pour calmer les imaginations surexcitées, et non-seulement ces nouvelles richesses qui se révélaient à l’autre extrémité du Pacifique n’éveillèrent qu’une attention relativement secondaire, mais il sembla que l’esprit se fût accoutumé à ces coups de la fortune, qu’ils dussent faire désormais partie intégrante du cours ordinaire des événemens, et que rien ne fût plus naturel que de trouver ainsi partout de nouveaux gisemens aurifères. Hier c’était la Guyane qui annonçait les siens ; aujourd’hui ce sont les bords de