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cette note était d’exposer la situation des états pontificaux et les moyens propres, suivant le gouvernement sarde, à y porter remède. Les Légations, disait-il, étaient occupées par les troupes autrichiennes depuis 1849. L’état de siège et la loi martiale y étaient en vigueur sans interruption depuis cette époque. Le gouvernement pontifical n’y existait que de nom, puisqu’au-dessus de ses légats un général autrichien prenait le titre et exerçait les fonctions de gouverneur civil et militaire : Quand cet état de choses finirait-il ? Impossible de le prédire, puisque, tel qu’il était constitué, le gouvernement pontifical était convaincu de son impuissance à conserver l’ordre public tout aussi bien qu’au premier jour de sa restauration, et puisque l’Autriche ne demandait pas mieux que de rendre son occupation permanente. Pour mettre un terme à cet état de choses, il fallait signifier à la cour de Rome la volonté irrévocable des puissances et leur détermination de faire cesser sans retard l’occupatien étrangère. Sous l’empire d’exigences si légitimes, il fallait décider le gouvernement pontifical à réaliser dans les Légations d’indispensables réformes. L’esprit de ces réformes nécessaires était indiqué par la lettre du président de la république française au colonel Edgar Ney : sécularisation de l’administration et acceptation du code Napoléon. Là était la solution du problème, cap les soutiens des abus du gouvernement pontifical étaient les privilèges cléricaux et le droit canonique. Ces principes posés, les plénipotentiaires sardes présentaient un plan de réforme administrative pour les Légations, lequel, suivant eux, conciliait les intérêts étales droits des populations avec le respect de la puissance temporelle du pape, et qu’il serait trop long de reproduire ici.

Les représentas de la France ne se chargèrent point de développer et de soutenir dans le congrès les vues des plénipotentiaires sardes. Cependant M. le comte Walewski, dans la séance du 8 avril 1856, appela l’attention du congrès « sur différens sujets qui demandaient des solutions, et dont il pourrait être utile de s’occuper, afin de prévenir de nouvelles complications. » L’Italie, ou plutôt la situation des états pontificaux et du royaume de Naples, figura naturellement parmi ces sujets. « On ne saurait méconnaître, dit le plénipotentiaire français à propos de Rome, ce qu’il y a d’anormal dans la situation d’une puissance qui, pour se maintenir, a besoin d’être soutenue par des troupes étrangères. » Il déclara, en demandant au ministre autrichien de s’associer à son langage, « que non-seulement la France était prête à retirer ses troupes, mais qu’elle appelait de tous ses vœux le moment où elle pourrait le faire sans compromettre la tranquillité intérieure du pays et l’autorité du gouvernement pontifical. » Il représenta « combien il serait à désirer dans l’intérêt de l’équilibre européen que le gouvernement romain se consolidât assez fortement pour que les troupes françaises et autrichiennes pussent évacuer sans inconvénient les états pontificaux, » et il pensait « qu’un vœu exprimé dans ce sens ne serait pas sans utilité. » Ces observations furent fortement appuyées par le premier plénipotentiaire anglais, lord Clarendon. Suivant lui, ou il fallait que le gouvernement romain accomplît des réformes capables de satisfaire les populations, ou l’on rendrait permanent un système d’occupation peu honorable pour les gouvernemens et regrettable pour les peuples. En matière de réforme, lord Clarendon recommanda celles qui