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ports faits au sénat et au corps législatif, s’élève à plus de cent mille. Le public verra bientôt cette curieuse série rangée dans le Muséum d’histoire naturelle.

Aussitôt que d’Orbigny fut à la tête d’une collection, il fonda une publication véritablement nationale, la Paléontologie française, appelée à renfermer l’étude de tous les animaux inférieurs fossiles dans notre pays. Cette grande entreprise a été soutenue en Angleterre : deux fois la Société géologique de Londres a décerné le prix Wollaston à la Paléontologie française. Cet ouvrage renferme plus de trois mille espèces fossiles décrites et représentées par des dessins minutieusement exécutés. Faire connaître une multitude si grande des anciens habitans du globe, rassembler tant de débris enfouis dans les entrailles de la terre, n’est-ce pas en quelque sorte créer? D’après le dépouillement que nous avons fait des divers ouvrages de d’Orbigny, le nombre des espèces fossiles que ce naturaliste a le premier signalées dépasse deux mille cinq cents. De telles études ont une importance capitale. Plus nos connaissances sur les espèces animales se multiplient, mieux nous comprenons les grandes lois qui les régissent. On avait depuis longtemps posé cet axiome : La nature ne fait pas de saut, c’est-à-dire les êtres se lient les uns aux autres par des passages insensibles. Cependant, lorsque l’on considérait avec attention la série animale, on voyait de distance en distance des lacunes. Les découvertes des animaux fossiles viennent rétablir les anneaux qui manquaient dans la grande chaîne des êtres. La Paléontologie française donna dans tous nos départemens une puissante impulsion à l’étude des fossiles. L’auteur de cet important ouvrage avait l’habitude, lorsqu’une personne lui envoyait des espèces nouvelles, de lui dédier l’une de ces espèces. On était heureux de voir perpétuer son nom par celui de quelque produit de la nature; puis il se mêlait à ce sentiment de vanité innocente le noble désir de contribuer aux progrès de la science; chacun voulait ajouter quelques rayons à la lumière qui se répandait sur le vieux monde. On cherchait avec empressement de nouveaux fossiles, animé de l’espérance que les découvertes seraient consignées dans la Paléontologie et entreraient ainsi dans le domaine de la science. Il serait à désirer qu’on fondât en France une association semblable à celle que les Anglais ont établie : la Palœontological Society, destinée à faire connaître les fossiles spéciaux à l’Angleterre, donne les plus heureux résultats; à moins de former une pareille association, nous parviendrons difficilement à décrire toutes les plantes et les animaux qui ont anciennement peuplé la France.

C’est une étude curieuse que celle des êtres fossiles qui n’ont plus leurs analogues dans la nature actuelle. Il a fallu aux paléontolo-