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1827-1837 1837-1847 1847-1857
Importation 309,0 millions 669,3 millions 817,8 millions
Exportation 127,8 » 316,6 » 545,4 »
Sommes 436,8 » 985,9 » 1363,2 »

Ces chiffres sont importans; les sommes croissent rapidement, au grand bénéfice de la marine. Les exportations suivent même une progression plus forte que les importations, heureux témoignage de progrès de notre production. Toutefois il est regrettable pour le bien de l’agriculture, de la marine, du commerce, que ces mouvemens n’aient pas atteint l’activité plus grande encore à laquelle, on va le voir, ils peuvent prétendre.

Les pays producteurs par excellence sont, avons-nous dit, le bassin de la Mer-Noire et l’Egypte, et les pays consommateurs forment l’Europe occidentale. Nous sommes sur la route que suivent les approvisionnemens qui se dirigent vers les contrées du nord; nous occupons une position centrale même par rapport à l’Espagne et à l’Italie. Cette position nous désigne donc pour être l’entrepôt général des grains; elle fait de nous le grenier d’abondance naturellement destiné à recevoir les importations des pays de provenance, pour les répartir ensuite entre ceux qui en ont besoin. Ce rôle, auquel la distribution géographique nous invite, nous est rendu facile par une marine active, par les capitaux que nous possédons en quantité suffisante; il nous est de plus imposé par la nécessité d’écouler nos produits industriels vers les pays producteurs du blé, qui sont restés dans l’enfance des arts, et qui recherchent nos tissus, nos meubles, ces mille futilités de luxe que nous excellons à fabriquer et que les étrangers aiment tant à posséder, ne serait-ce que pour prouver qu’ils sympathisent avec nous en matière de bon goût. L’Italie seule, plus rapprochée des lieux de provenance, pourrait nous disputer l’importance du commerce; mais elle nous est inférieure, pour l’activité commerciale et maritime, pour la puissance des capitaux, pour la production industrielle, seule capable d’alimenter les échanges. Telle est la condition avantageuse dans laquelle nous nous trouvons. Aussi Marseille est-il devenu le grand marché du bassin de la Méditerranée; ce port est toujours prêt à expédier soit en Espagne, soit en Italie, à renvoyer par transit les provisions nécessaires à la Suisse et à la vallée du Rhin, aux frontières nord de la France. Avons-nous tiré cependant tout le parti possible de cette situation? Qu’il soit permis d’en douter, à voir l’importance acquise par Livourne, où le commerce des grains est d’autant plus prospère, d’autant plus riche, qu’il est en grande partie entre les mains de Grecs. Barcelone est lui-même devenu un entrepôt considérable. Nous n’avons donc pas conquis le