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par le détroit de Foveaux, est d’une étendue peu considérable; elle est coupée par le 47e parallèle sud, et à cette latitude le climat commence à devenir rigoureux dans cet hémisphère austral. Les grandes îles ont été partagées chacune en trois provinces : Auckland, Taranaki ou New-Plymouth et Wellington dans la première; Nelson, Canterbury et Otago dans la seconde. Vers 1839, la France songea à fonder un établissement colonial à la Nouvelle-Zélande; mais elle fut devancée par l’Angleterre, et tout ce qu’elle a pu faire depuis a été d’acquérir un petit territoire sur la presqu’île de Banks, dans l’île Tawaï et dans la province de Canterbury. Là, dans le port d’Akaroa, qui est avantageusement situé, elle a installé un établissement où ses baleiniers viennent se ravitailler; c’est tout ce qu’elle possède sur le riche territoire de la Nouvelle-Zélande. Les établissemens anglais n’occupent que des portions de rivages peu considérables; mais les divisions coloniales embrassent le sol entier, témoignant du désir qu’aurait l’Angleterre de s’étendre dans l’intérieur. Chaque province est administrée, sous le contrôle d’un gouverneur-général, par un surintendant, qu’elle choisit, et par un conseil provincial; de plus, elle envoie des représentans à la chambre législative d’Auckland. La population européenne de la Nouvelle-Zélande se monte à cinquante mille âmes, dont les deux tiers appartiennent aux établissemens d’Auckland et de Wellington.

Auckland est une ville admirablement située, sur le 37e parallèle, avec un port vaste et profond, à l’entrée de l’étroite et longue presqu’île qui termine Eaheïno au nord-ouest. Elle n’est pas vieille de vingt ans, et déjà le long de ses rues, bien alignées, se dressent des hôtels, des églises, des hôpitaux, et toutes les constructions d’utilité publique. Toutefois Auckland, pas plus que Wellington et Nelson, ses voisines et ses émules, ne possède encore ni le luxe ni le comfortable de la métropole; quelque chose de primitif se révèle dans les constructions de ces villes naissantes et dans le caractère plutôt sauvage qu’agreste de leurs environs. Cette physionomie même a son intérêt particulier : telles devaient être à l’origine les capitales des colonies qui forment aujourd’hui l’Union américaine, telle fut Sydney il y a quarante ans. Si nous voulons simultanément embrasser du regard les villes nouvelles, filles de l’Angleterre, aux diverses périodes de leur développement, jetons les yeux à la fois sur l’Amérique et l’Océanie : ici Auckland à l’état d’ébauche, là Sydney grandissant encore, là-bas New-York, une des reines du monde, et à côté d’elles l’or improvisant Melbourne et San-Francisco. La société néo-zélandaise a un caractère particulier et très distinct de celui des autres sociétés australasiennes. Comme l’occupation de la Nouvelle-Zélande avait été préméditée longtemps avant