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contester le principe des primes, on peut trouver que, mise en regard du résultat obtenu, la dépense est bien forte. Que dire de la pêche de la baleine ? Avec une prime annuelle de 225,000 francs, on a déterminé l’armement de 5 navires montés par 186 hommes d’équipage ; ce qui ne fait pas moins de 1,209 francs par matelot ! Il faut désespérer d’une industrie et renoncer par conséquent à la protéger quand elle n’est pas en mesure de vivre et de prospérer dans des conditions aussi exorbitantes. Les résultats statistiques de la pêche de la baleine jointe à celle du cachalot méritent de fixer l’attention des futures commissions du budget. On devra examiner sérieusement, lorsque l’on révisera la loi périodique sur les primes, s’il convient de maintenir à la charge du trésor des sacrifices reconnus stériles. — Quant aux mouvemens du cabotage, ils sont demeurés à peu près stationnaires. Ils ont employé en moyenne, pendant la période décennale, 73,370 navires chargés jaugeant 2,678,000 tonnes. En comparant ces chiffres avec ceux de la période antérieure, on remarque une diminution de 4,000 dans le nombre des navires et une augmentation de 200,000 tonnes environ. Ainsi, pour la marine du cabotage comme pour la marine au long cours, les armateurs ont accru la capacité des bâtimens. L’excédant de 200,000 tonnes doit être porté exclusivement au compte du petit cabotage. Le grand cabotage présente au contraire une diminution de 25,000 tonneaux par rapport à la période de 1837 à 1846. Ce fait ne peut être attribué qu’à la concurrence des chemins de fer, dont l’achèvement a mis depuis quelques années en communication directe les régions du nord et du midi. Le cabotage fait vivre une partie de nos populations côtières ; il fournit à l’inscription maritime un grand nombre de matelots : ses intérêts sont donc tout à fait dignes de sollicitude. Déjà, par quelques mesures de détail, l’administration a prouvé qu’elle est disposée à lui venir en aide dans la lutte de plus en plus vive qu’il est appelé à soutenir contre les voies ferrées.

L’influence des chemins de fer doit se révéler également dans les opérations du transit. Ces opérations présentent en effet un chiffre moyen annuel de 576,000 quintaux métriques en quantités et une valeur de 306 millions de francs[1]. C’est, relativement à la période précédente, une augmentation de 200,000 quintaux et de 112 millions de francs. Bien que le progrès soit numériquement très sensible, il ne serait point en rapport avec les facilités qu’offre notre réseau de chemins de fer ; mais les chiffres qu’on vient de citer ne sont qu’une moyenne. En 1856, Cornière année de la période que nous examinons, il a été transporté en transit 766,000 quintaux métriques, évalués 467 millions, et ces résultats ne doivent être considérés que comme un point de départ pour un développement encore plus actif de ce genre d’opérations. La situation géographique de la France est réellement privilégiée quant au transit des voyageurs et des marchandises. La France est sur la grande route qui mène de l’Europe au Nouveau-Monde, et de l’Amé-

  1. Valeur officielle. Les tableaux statistiques ne marquent pas la valeur actuelle.