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la formation de vapeurs plus épaisses, dont la condensation graduelle donna naissance à des agrégats demi-solides. Tant que la matière avait été à l’état de suspension, les actions chimiques ne pouvaient s’exercer, et la pesanteur réunissait seule les molécules entre elles ; mais quand des agglomérations se furent produites en divers points de la masse, quand la force centripète les fit se rapprocher les unes des autres de manière à créer un noyau solide, les parties périphériques comprimèrent les molécules centrales; les contacts devinrent plus intimes, et il se forma des corps solides ou à peu près tels, dont les propriétés résultèrent du mode d’agrégation des molécules entre elles. Ces premiers corps ont dû être ceux que nous appelons simples, car pour les décomposer, c’est-à-dire pour les ramener à un état correspondant à la constitution gazeuse primordiale, il faut des conditions placées au-delà de celles qui nous appartiennent. Alors apparurent les métaux, d’abord dans des états très différens de fluidité; leur nombre ne pouvait être encore bien grand, puisque les affinités chimiques, qui naissent du rapprochement des corps divers, ne s’étaient pas développées autant qu’aujourd’hui. Les métaux exigeant pour se liquéfier des températures inégales, certains métaux durent prendre naissance avant d’autres: le platine, par exemple, était déjà solide que l’or et l’argent demeuraient encore liquides. Le premier noyau de la terre s’offre par conséquent à nous comme un amas de vapeurs métalliques ou métalloïdiques. Cette masse s’assimila par l’attraction toutes les matières gazeuses environnantes, dont l’introduction était rendue d’autant plus facile que les gaz peuvent se pénétrer. Il en résulta une atmosphère immense dont le diamètre allait croissant, et qui ramena à elle la majeure partie de la matière placée dans sa sphère d’activité. Quand le degré de condensation fut devenu suffisant pour déterminer l’existence des métaux ramollis ou solides, une foule d’autres corps, produits par les affinités, se rangèrent et se disposèrent à l’intérieur ou à l’entour du noyau. Il y avait une lutte constante entre les parties centrales, qui tendaient à s’échapper en vertu de la force expansive développée par la chaleur, et les parties périphériques, que l’attraction ramenait vers le centre, et qui comprimaient ainsi les parties centrales.

Dans ce grand bouillonnement primitif, qui répond bien à ce que les anciens nous ont dit du chaos, l’oxygène a dû certainement jouer un des principaux rôles. Ce qui nous l’atteste, c’est l’incroyable abondance de ce corps simple dans la nature. L’oxygène entre pour les vingt-trois centièmes dans le poids de l’atmosphère, pour les quatre-vingt-neuf centièmes dans celui de l’eau; uni à d’autres corps simples, il constitue certainement les trois quarts du globe. La sub-