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beaucoup de leur valeur. Huit années s’écoulèrent sans que l’on s’occupât d’accomplir les volontés du testateur. Le congrès s’émut d’une semblable négligence : il compléta par un vote spécial le capital primitif, augmenté des intérêts pendant huit années, organisa l’institut sur ses bases actuelles, et choisit le conseil sous la direction duquel il se trouve placé. En 1856, on remit à ce conseil la somme de 3,786,490 francs : une partie de cette somme fut consacrée à élever le monument qui renferme les musées, les collections et la bibliothèque de l’institut. Une moitié du revenu est consacrée à en augmenter les richesses, l’autre moitié à la publication de recherches savantes. Parmi les travaux édités par les soins de l’institut de Smithson et distribués avec profusion à tous les établissemens savans d’Amérique et d’Europe, il en est plusieurs qui méritent des éloges, notamment ceux qui sont relatifs aux monumens laissés par les anciens habitans du continent américain dans la vallée du Mississipi, les grammaires et dictionnaires des divers idiomes indiens, les monographies consacrées à l’histoire naturelle du continent américain. L’institut a aussi entrepris d’enregistrer et de coordonner les observations météorologiques faites sur le vaste territoire de l’Union. Aujourd’hui sept cents observateurs lui fournissent des documens relatifs à l’état atmosphérique, aux vents, aux tempêtes, au magnétisme de la planète.

Les travaux de l’institut Smithsonien pourront servir à compléter ceux de l’observatoire national et du bureau hydrographique. On connaît les recherches entreprises sur la météorologie marine par le lieutenant Maury, qui dirige l’observatoire national de Washington[1]. Le bureau hydrographique est, avec l’observatoire, le seul établissement scientifique de l’Union qui soit placé sous le patronage immédiat du pouvoir fédéral. L’étude hydrographique des côtes du continent américain est le plus beau monument peut-être dont la science ait doté les États-Unis. Le président Jefferson ordonna le premier l’exécution de ce grand travail, qui jusqu’à 1843 resta confié à M. Hassler. Depuis cette époque, les opérations ont été poussées avec une extrême activité par le nouveau directeur du bureau hydrographique, M. Bache. Ce savant s’occupe encore de perfectionner les méthodes géodésiques déjà si parfaites que l’on possède aujourd’hui, et ses cartes peuvent se comparer avec les plus beaux travaux de ce genre dus à la géodésie et à l’hydrographie françaises et anglaises, La topographie des côtes américaines est aujourd’hui connue sur presque toute leur étendue avec une extrême précision ; mais, par une anomalie singulière, les opérations

  1. Voyez la Revue du 15 mars 1858.