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RACHEL
HISTOIRE LOMBARDE DE 1848.



IV.

On a vu quel trouble avaient jeté dans la famille d’un fermier lombard les événemens de 1848[1]. C’est en de telles crises que se retrempent les populations vraiment dignes de l’indépendance. Les mêmes causes qui avaient condamné à une vie stérilement agitée un des fils du fermier Stella devaient opérer, grâce à des circonstances plus favorables, une transformation salutaire chez les frères de Paolo, chez Pietro surtout, et c’est encore à Rachel, à la nièce du fermier, qu’allait appartenir le principal rôle dans les derniers événemens de ce récit.

Au moment même où M. Stella, voyant sa ferme presque cernée déjà par la police, avait entraîné son fils Paolo sur la route de Pavie, Rachel, qui avait retrouvé toute sa présence d’esprit, s’était élancée vers une chambre qui donnait sur la route juste au-dessus de la grande porte, et y avait fait du bruit pour attirer l’attention des gendarmes. Ceux-ci commencèrent à crier : — Holà! quelqu’un! ouvrez! au nom de sa majesté l’empereur! Ne craignez rien, nous sommes des amis. — Ne recevant aucune réponse, ils jetèrent de petites pierres contre les carreaux de la fenêtre. Rachel alors s’écria : — Qui est là? — comme une personne qui vient de se réveiller en sursaut.

  1. Voyez la livraison du 15 mai.