Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 21.djvu/929

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ETUDES
D'ECONOMIE FORESTIERE

LES FORETS ET L'AGRICULTURE

I. Note sur le Défrichement des Bois, par M. L. Tassy, 1854. — II. Ein national-œkonomisches Hauptprincip der Forslwissenschaft, von Wilhelm Roscher, Leipzig 1854. — III. L’Agriculture et la Population, par M. Léonce de Lavergne, 1858.



Il n’est peut-être pas inutile de rappeler quelquefois aux hommes de notre époque, pour qui l’accroissement du bien-être semble la loi suprême, que le monde n’a pas été créé exclusivement pour eux, et que, parmi les richesses dont ils jouissent sans scrupule, il en est dont ils ne sont que les dépositaires et dont ils ont à rendre compte à leurs descendans. Les forêts sont dans ce cas. Plus que toute autre propriété, elles attestent la solidarité qui relie entre elles les différentes générations ; ce ne sont pas ceux qui plantent le gland qui devront un jour couper le chêne, ni ceux qui l’ont abattu qui souffriront du manque de bois. Nous ne sommes que des usufruitiers, et tout abus de jouissance de notre part doit un jour être payé cher par ceux qui viendront après nous, car les produits forestiers ne s’improvisent pas, et quand le mal est fait, il faut de si longues années pour le réparer qu’on peut presque le considérer comme irrémédiable. Nous subissons aujourd’hui les conséquences de l’imprévoyance de nos pères, et si nous n’y prenons garde, nous léguerons à nos enfans des calamités sans nombre. Que sont aujourd’hui ces contrées bénies du ciel qui ont été le berceau