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un S le village, voilà la fortification naturelle que rencontrent à Palestro des assaillans venant de Vercelli et de la Sesia. Les Autrichiens y avaient ajouté des travaux afin de couvrir leur extrême droite. Heureusement pour nous, leurs généraux, toujours obstinés à se croire menacés sur leur gauche, du côté de Voghera et Stradella, avaient leur droite massée autour de Robbio, et dans la matinée du 30 mai Palestro n’était défendu que par le régiment d’infanterie baron Wimpffen, par un détachement de hussards et deux pièces d’artillerie. Ce ne fut qu’après l’attaque des divisions sardes que le régiment archiduc Sigismond, qui venait relever le régiment Wimpffen aux avant-postes, entra en ligne pour le soutenir. D’autres positions voisines, celles de Vinzaglio, Casalino et Confienza, n’avaient par rapport à Palestro qu’une importance secondaire. Dans les deux premiers de ces villages, les Autrichiens n’avaient laissé que des avant-postes pour surveiller l’armée sarde, qui s’était établie dans la journée du 29 mai au Torrione et à Borgo-Vercelli, entre la Sesia et ces deux villages. Casalino, placé sur le Roggione-Busca, était plus fortement occupé par un millier d’hommes et un peu de cavalerie, mais sans artillerie. On n’avait évidemment gardé ce poste que pour mettre en communication le petit corps qui occupait Novare avec le gros de l’armée autrichienne, cantonnée en Lomelline.

L’armée sarde engagea quatre divisions dans l’attaque de ces diverses positions. Après avoir passé la Sesia sur le pont établi entre Vercelli et Borgo-Vercelli, ces divisions descendirent la rive gauche sur la grande route de Palestro, pendant trois kilomètres. Arrivées au Torrione, la division du général Cialdini (9e, 10e, 15e, 16e régimens d’infanterie, 7e bataillon de bersaglieri) poursuivit sa route sur Palestro, tandis que la division Fanti, formant l’extrême gauche, allait attaquer Casalino, poste avancé de Confienza, et que la division Durando, formant le centre, marchait sur Vinzaglio. La première division, général Castelborgo, formée des brigades Grenadiers et Savoie, se tenait en réserve sur la route de Palestro, mais un peu en arrière à la hauteur de Vinzaglio.

Le général Durando n’eut pas de peine à chasser de Vinzaglio l’ennemi, qui, quoique barricadé et sur une position dominante, n’était pas en force pour tenir tête à une division. La division Fanti, à l’extrême droite des Autrichiens, après avoir emporté la position de Casalino, s’était dirigée sur Confienza, où elle trouva plus de résistance. Les Autrichiens, au lieu de déployer leur ligne devant le village, s’étaient barricadés dans l’intérieur de manière que les têtes de colonnes purent pénétrer du premier coup jusque sur la place de l’église, qui est à l’entrée de la grande rue ; mais à peine arrivées là, un feu terrible, partant de toutes les maisons, les accueillit à l’improviste, et il fallut se replier un instant. En même temps les chasseurs autrichiens cachés dans les blés, qui sont très élevés aux alentours du village, commencèrent un feu épouvantable, qui était dirigé, suivant leur habitude, de préférence contre les officiers, ce qui rendit un moment le commandement incertain. Cette hésitation ne fut pas de longue durée. Le général Fanti, qui venait d’arriver sur les lieux, donna le signal de la charge, et les bersaglieri, avec leur élan ordinaire, suivis bientôt de l’infanterie, pénétrèrent dans le village, tandis que quelques charges de chevau-légers obligeaient les tirailleurs autrichiens à quitter leurs postes.