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de la nationalité italienne, sans s’y intéresser beaucoup au fond, car il abandonna bientôt ses réclamations. Laissant le congrès de Cambrai, il traita directement avec l’empereur Charles VI. Par le traité de Vienne du 30 avril 1725, il obtint de l’empereur l’investiture des duchés de Parme et Plaisance et de la Toscane; il consentit en retour à laisser l’empereur en possession de tous ses états d’Italie, c’est-à-dire du Milanais et du royaume des Deux-Siciles, sans plus songer à Mantoue et à la Mirandole. Le traité de Vienne a cela de curieux qu’il est exactement conforme au traité de quadruple alliance, sauf qu’il n’est plus fait sous la médiation de la France et de l’Angleterre. Qu’est-ce donc qui avait pu réconcilier tout à coup Philippe V et Charles VI c’est-à-dire les deux anciens rivaux, et les amener à faire entre eux de bon accord ce qu’ils n’avaient accepté qu’à grand’peine des mains de la quadruple alliance? En France, M. Le duc premier ministre et Mme de Prie, sa maîtresse et sa conseillère, avaient renvoyé l’infante d’Espagne, fille de Philippe V, qui devait épouser Louis XV. Philippe V, justement irrité de cette impertinence, qui était en même temps une faute politique, avait rompu tous ses rapports avec la France et la quadruple alliance. Il s’était rapproché de l’empereur, et celui-ci, qui voulait faire reconnaître par l’Europe sa pragmatique sanction, c’est-à-dire la dévolution de tous ses états à sa fille Marie-Thérèse, s’était prêté à ce rapprochement, à la condition que Philippe V garantirait la pragmatique sanction. Le traité de Vienne du 30 avril 1725 est un acte d’amour paternel de la part de Philippe V, qui veut venger sa fille refusée par la France, et de la part de Charles VI qui veut assurer ses états à la sienne; mais ce traité n’ôtait à l’Italie rien de ce que lui avait donné le traité de quadruple alliance, c’est-à-dire l’assurance que jamais Parme et Plaisance et la Toscane ne seraient réunis aux états allemands de la maison d’Autriche. Cette assurance est le premier pas fait par la diplomatie du XVIIIe siècle vers l’indépendance de l’Italie.

Il fallut encore plusieurs traités pour assurer à don Carlos la possession de Parme et de la Toscane. L’Espagne en 1729, par le traité de Séville, revint à la France et à l’Angleterre, puis en 1731 elle revint à l’Autriche, unie alors à l’Angleterre; mais ces variations des hommes ne changèrent rien au principe, et l’Italie ne fut pas rendue à la prépondérance exclusive de l’Autriche, telle que l’avait constituée le traité d’Utrecht : c’est là le point important de nos recherches.


III.

Nous venons de voir les efforts faits par la diplomatie depuis 1713 jusqu’en 1731 pour restreindre en Italie la prépondérance de l’Au-