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M. Grove est parvenu même à reproduire des images photographiques.

Telles sont les applications principales que l’industrie a jusqu’à présent trouvées dans l’électricité ; mais la puissance des appareils dont on fait usage est encore très limitée. Le jour où l’on pourra mettre en jeu des agens plus énergiques, les résultats que l’on obtiendra seront naturellement beaucoup plus considérables, et un nouveau domaine d’expériences s’ouvrira aux efforts des savans.


III.

Il est un phénomène qui peut nous donner la mesure de ce que réaliserait l’électricité, produite sur une grande échelle : c’est la foudre. L’atmosphère est un immense réservoir où les attractions et les décompositions électriques opèrent des effets prodigieux que nos machines ne sauraient encore reproduire. Il est à noter que la quantité d’électricité dépensée par l’atmosphère est souvent infiniment supérieure à celle qui serait nécessaire pour obtenir une partie des effets qui nous étonnent le plus. L’électricité atmosphérique, agissant sur de grandes étendues, donne lieu presque à la fois aux actions les plus diverses. Si l’on parvient à distinguer les opérations dont l’ensemble de tous ces effets se compose, à évaluer la quantité de force électrique nécessaire pour chacune d’elles, on se convaincra alors qu’il n’est pas indispensable, pour en reproduire quelques-unes, d’avoir des appareils aussi puissans que les nuages. De même qu’une petite quantité de vapeur met en mouvement des masses énormes quand sa force élastique est sagement appliquée, une partie de l’électricité que la foudre emploie suffira pour donner naissance à quelques-uns des phénomènes qui nous semblent les plus extraordinaires dans les orages. En effet, parmi ces phénomènes, il en est qui n’impliquent qu’une petite dépense de l’électricité distraite de la masse produite pour être appliquée à des actions particulières. Tel résultat à nos yeux inexplicable n’est pas plus étonnant et n’entraîne pas une plus grande mise en œuvre de force électrique que des phénomènes dont nous sommes chaque jour les témoins.

Un des principaux objets de la science de l’électricité doit donc être d’étudier la foudre dans tous ses modes de manifestation et ses effets, afin d’arriver à saisir quelques-unes des lois qui président à ces grands dégagemens, à ces courans puissans d’électricité dont l’atmosphère est le théâtre. Il convient de faire, au point de vue scientifique, ce qu’avaient fait dans l’ordre de leurs idées superstitieuses les aruspices étrusques, alors qu’ils avaient classé tous les genres de foudre et cherché à en prévoir les effets. Déjà, aux