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tion du crâne, la projection en avant du globe oculaire. Si donc on réussit à faire agir convenablement l’électricité sur les différens appareils de notre économie, sur les centres nerveux comme sur l’exrémité des nerfs et certaines parties de nos muscles, on pourra obtenir des cures que ne saurait produire la simple médicamentation.

Déjà, depuis quelques années, un grand nombre d’expérimentations de ce genre ont été tentées. En médecin français, M. Duchenne, et un médecin allemand, M. Remack, ont poursuivi avec persévérance une série d’observations qui les ont conduits sans doute à des idées différentes, mais n’en ont pas moins eu pour la médecine les plus heureuses conséquences. Ils ont observé l’action des courans électriques sous toutes les formes et pour ainsi dire dans toutes les directions; ils ont déterminé parfois des guérisons et fréquemment de notables améliorations dans l’état du malade. C’est surtout aux paralysies qu’ils se sont attaqués, et c’est dans cette classe de maladies qu’ils ont obtenu les résultats les plus décisifs. On a dressé toute une liste de maladies dont on assure que l’emploi de l’électricité a amené la guérison. Si un grand nombre de ces cures demeure fort problématique, il est cependant constant qu’on a eu des cas de guérison dans toutes les affections où l’excitation des centres nerveux joue le rôle principal. D’après les expériences d’un certain nombre de médecins et notamment d’un de nos plus habiles opérateurs, M. Jobert (de Lamballe), l’électrisation a pu rappeler la vie près de s’échapper chez des personnes trop éthérisées ou asphyxiées par l’opium. C’est principalement à l’application locale de l’électricité, comme l’opère M. Duchenne, que l’on est redevable des meilleurs résultats. L’électricité ne circule pas d’ailleurs uniformément dans toute l’économie; la transmission de l’excitation nerveuse qu’elle détermine exige plus ou moins de temps. Il paraît y avoir des différences entre les muscles quant à la susceptibilité de se contracter sous l’influence des mêmes courans électriques. Ces différences de sensibilité des muscles sont surtout appréciables quand on les fait traverser par des courans discontinus. En dépit de ces travaux persévérans et déjà nombreux, l’application de l’électricité à la médecine est encore fort peu avancée, et ce sera seulement après de longues recherches et une connaissance plus approfondie de l’électricité animale qu’il sera possible de reproduire quelques-uns des effets singuliers qui nous sont offerts par la foudre. En faisant agir soit l’électricité atmosphérique, soit celle que développent nos appareils de physique, sur des animaux placés dans différentes conditions physiologiques ou morbides, on constatera des phénomènes dont l’art de guérir tirera ensuite profit. On peut lire dans l’excellent traité de M. de La Rive l’exposé complet de l’état de la science à cet égard.