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d’une nouvelle association douanière dans le cas où les états du sud l’abandonneraient pour suivre la fortune de l’Autriche, peut-être même ramener complètement à elle les dissidens, séduits par un marché si avantageusement agrandi, et replonger ainsi dans l’isolement son ambitieuse rivale. Toutefois, pour conquérir le Hanovre, il ne fallait pas seulement s’arrêter dans la voie des augmentations de tarif et se raidir contre les exigences des manufacturiers, il fallait encore accorder au Steuerverein, indépendamment de quelques avantages particuliers réclamés par lui en 1842, un préciput assez élevé dans la répartition des recettes de douanes. Or le Hanovre, qui était au courant des embarras au milieu desquels se débattait la politique prussienne, entendait se faire payer cher les services immédiats ou éventuels que l’on attendait de son accession. A la suite de la conférence de Cassel, le cabinet de Berlin pensa qu’il n’y avait point à hésiter, et le 7 septembre 1851 il conclut avec le Hanovre un traité aux termes duquel le Steuerverein s’engageait à entrer dans l’association des douanes allemandes pour une période de douze ans à partir du 1er janvier 1854. L’annonce de cet acte diplomatique produisit dans toute l’Allemagne l’effet d’un coup de théâtre. Plusieurs des états associés se formalisèrent, non sans quelque raison, de n’avoir pas été mis dans le secret de négociations où leurs intérêts étaient en jeu, d’autres critiquèrent les concessions faites au Hanovre; mais en définitive, comme dans ce traité les avantages l’emportaient sur les inconvéniens, tous les états envoyèrent successivement leur adhésion. Les manufacturiers n’étaient point fondés à se plaindre, puisque l’on avait eu soin de maintenir pour les produits fabriqués les tarifs en vigueur; s’ils perdaient l’espérance de voir, avec cet allié nouveau, se développer la doctrine protectioniste, ils obtenaient du moins, comme compensation, le dégrèvement des matières premières et l’extension immédiate de leur marché intérieur. Quant à l’Autriche, elle ne pouvait exprimer tout haut son dépit, car le traité était un pas en avant vers l’unité allemande, et c’était précisément le principe d’unité qu’elle invoquait elle-même en frappant à la porte du Zollverein : elle se déclara donc satisfaite; mais à ce moment on pouvait bien croire qu’un triomphe de la politique prussienne était en même temps un échec pour l’Autriche.

La conclusion du traité avec le Hanovre motivait la discussion d’un nouveau pacte pour la continuation du Zollverein, dont la seconde période cessait le 31 décembre 1853. La Prusse dénonça donc, dans le délai voulu, le traité qui liait l’association, et elle convoqua les délégués à Berlin pour les premiers mois de 1852, afin de reconstituer le Zollverein, agrandi du Steuerverein. Cette démarche était prévue, et c’était là ce qu’attendait le cabinet de vienne