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feuilles de bananiers. Au bout de deux ans, dans ces conditions favorables, le plant s’élève à plus d’un mètre ; c’est alors qu’on l’écime en coupant les deux branches supérieures pour le transplanter en place fixe.

Les semis en pépinière, dans la vallée supérieure du Rio-Magdalena, sont abrités par des espèces de toitures en feuilles de palmier, et il suffit d’arroser une fois par semaine cette toiture pour assurer aux semis l’humidité convenable dans cette localité. La transplantation s’effectue au bout de six mois. Dans son voyage aux Antilles, M. Tussac signale une méthode de culture en pépinière, déjà remarquée par Jussieu, qui assure mieux encore le succès de la transplantation : elle consiste à enfoncer dans le sol ameubli de petits paniers de liane pleins de terre, dans chacun desquels sont déposées deux ou trois graines. Lorsque les plantes ont acquis une hauteur de 25 ou 30 centimètres, on les met en place avec le petit panier, qui se détruit spontanément et ne peut nuire aux racines.

L’arbre commence à fleurir vers deux ans et demi ou trois ans. On doit supprimer alors les premières fleurs, afin d’obtenir des fruits plus gros, plus abondans et plus productifs vers la quatrième ou la cinquième année, lorsque la température moyenne s’élève à 27 degrés et que l’humidité est suffisante. Dans les contrées où les conditions sont moins favorables, la fructification abondante n’a lieu qu’au bout de six ou sept ans. Pendant la croissance des cacaoyers, les soins principaux consistent à biner le sol autour de chaque pied, afin de favoriser l’accès de l’air vers les racines, tout en retranchant les radicelles à la base de la tige ; on élague vers les extrémités les branches trop développées, on soutient en faisceaux par des ligatures celles qui se recourbent vers le sol.

Quatre mois à peu près s’écoulent depuis l’apparition des fleurs jusqu’à la maturité des fruits ; celle-ci s’annonce, soit par la faible résistance qu’ils opposent lorsqu’on essaie de les détacher de l’arbre, soit par la nuance fauve ou rouge violacé qui succède à la teinte verte de leur superficie. À l’intérieur, la chair est d’un blanc très légèrement jaunâtre, les graines sont blanches ; elles prennent à l’air, et en se desséchant, une coloration rousse ou brune. Bien qu’il ne soit pas rare de voir, surtout dans les plantations en plein rapport, sur le même arbre, des fleurs et des fruits mûrs que l’on peut cueillir tous les jours, on ne fait généralement que deux grandes récoltes chaque année, aux mois de juin et de décembre. C’est à l’âge de dix ou douze ans que les cacaoyers produisent le plus, et ils peuvent donner durant trente ou quarante années d’abondantes récoltes, représentant, suivant les localités, les terrains et les expositions, de 700 grammes à 1 et même jusqu’à 2 kilog. de graines sèches par