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consommateurs[1], les industriels trop disposés à spéculer sur les résultats d’une grande publicité.

Il y a de meilleurs résultats encore à obtenir en ne cherchant le succès que dans un mode de fabrication plus économique. Toutes les opérations qui se faisaient manuellement autrefois s’accomplissent beaucoup mieux et plus régulièrement aujourd’hui à l’aide de machines construites presque toutes par des ingénieurs français. On remarque chez un habile fabricant de Paris[2] le système le plus complet en ce genre, comprenant des torréfacteurs, des mélangeurs et broyeurs mécaniques. Une machine de son invention pèse spontanément la pâte, élimine l’air et moule le chocolat ; une autre machine, également destinée à éviter le contact de la main des hommes, accomplit le dernier travail en l’accélérant beaucoup : elle enveloppe à la minute de vingt à trente tablettes, représentant de deux à trois mille chaque jour[3].

Il faut en convenir cependant, le plus redoutable obstacle à la propagation rapide de la substance alimentaire dans son état normal existe encore avec les inconvéniens graves, avec les dangers même, qui l’accompagnent. Cet obstacle réside dans la déplorable pratique de préparer des chocolats dépourvus de tout cachet d’origine, livrés à si bas prix, qu’il serait impossible de les composer avec les matières premières pures et de bonne qualité sans que le prix coûtant fût plus élevé que le cours de la vente. Si d’ailleurs il est reconnu que l’on retire de ces produits des bénéfices irréguliers et considérables, il sera évident que toutes les falsifications dont on s’est si souvent ému à juste titre doivent se rencontrer dans ces produits d’origine toujours incertaine. On parviendrait facilement à faire cesser

  1. Il est triste d’avoir à mentionner un tel fait, de voir des frais d’annonces se combiner avec les pris d’une denrée éminemment utile. Si par exemple, ces frais d’annonces s’élevant dans une année à 100,000 fr., la somme doit être répartie sur des produits vendus en somme de 500,000 fr. à 1 million chaque année, on comprend que dans ces circonstances le prix de vente doit de toute nécessité être augmenté de 10 à 20 pour 100 au-delà de la valeur réelle.
  2. La plus haute récompense accordée dans l’exposition internationale a cette industrie en 1855 fut décernée à ce fabricant, M. Devinck.
  3. Cette nouvelle machine a été inventée par un ouvrier, bon observateur, M. Armand Daupley, contre-maître aujourd’hui chez M. Devinck. Tout récemment cet intelligent contre-maître cherchait un moyen a sa portée de prévenir les inconvéniens notables, parfois même les explosions dangereuses, que peuvent occasionner les sédimens des eaux plus ou moins séléniteuses et calcaires dans les chaudières destinées à produire la vapeur ; il y parvint en mettant dans ces générateurs une quantité minime des résidus sans valeur, désignés sous le nom de déchets, que l’on rejetait naguère. Ces résidus broyés s’interposent entre les particules de sulfate et de carbonate de chaux à mesure que l’évaporation les précipite : dès lors, ne pouvant se réunir en dures incrustations, ils cessent d’offrir les dangers que l’on en redoutait.