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et la séparation des sexes dans le workhouse rencontrèrent une opposition plus sérieuse. De nombreux organes de l’opinion déclarèrent cruel et anti-chrétien de séparer ceux que le ciel avait unis ; mais le conseil central se crut obligé de maintenir cette mesure pour rendre moins.fréquente la résidence permanente dans la maison de refuge, et pour ne pas laisser le pays retomber sous les charges qui l’avaient accablé. En 1834, les frais de l’assistance montaient à plus de 6 millions de livres sterling ; en 1839, ils étaient réduits à 4 millions 1/2. Partout les ouvriers qui prétendaient ne pas pouvoir trouver d’occupation parvinrent à s’en procurer, quand ils se virent placés dans l’alternative du travail indépendant ou de celui du workhouse, partout aussi le complément des salaires au moyen de prélèvemens sur la taxe des pauvres fut supprimé. Par son existence seule, la commission donnait la paix et la sécurité aux administrations locales, car la responsabilité de tout ce qu’il y avait d’impopulaire dans la gestion de ces dernières retombait sur le conseil supérieur, et toutes les rancunes se concentraient ainsi sur un pouvoir trop haut placé pour en être affecté. On peut dire que ce pouvoir conserva l’ordre public au milieu de circonstances qui menaçaient le pays d’une révolution sociale.

Quand, au bout de cinq ans, la couronne renouvela les membres de la commission, elle ne les nomma plus que pour un an ; mais leur autorité ne fut pas seulement restreinte, elle se trouva entravée par la brièveté de leur mandat et par les complications d’événemens qui se succédèrent de 1838 à 1843, telles que les crises commerciales, le renchérissement des denrées et le rapide accroissement de la population, augmentée d’un million et demi d’âmes. Dans cet intervalle, les frais de l’assistance remontèrent de 4 millions de livres sterling à plus de 5 millions. Toutefois la situation des contribuables n’empirait pas réellement, parce que cette augmentation des charges publiques coïncidait avec un accroissement plus grand encore des valeurs imposées. On avait cru trouver une garantie contre les influences publiques ou locales dans la condition qui interdisait aux commissaires l’entrée du parlement ; mais, comme cette exclusion éloignait la commission du seul terrain où elle pût se défendre avec succès, le gouvernement jugea nécessaire de l’assimiler sous ce rapport au conseil des Indes, au conseil du commerce, et à ceux des principaux départemens. Ce fut l’objet d’un bill de 1847. Le nombre des membres ne fut plus limité, et le lord président du conseil, le lord du sceau privé, le secrétaire d’état de l’intérieur durent en faire partie. De plus, la commission, nommée, comme la première fois, pour cinq ans, eut la faculté de s’adjoindre deux secrétaires, dont l’un put, comme le président, appartenir au