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d’autres, et en grand nombre, ont pour but spécial l’éducation des orphelins ; d’autres, l’assistance des mères, des veuves, des étrangers, etc. ; quelques-unes, sous le nom de reformatories, se consacrent à la régénération des femmes déchues et des criminels sortis de prison. Beaucoup, il est vrai, tombent découragées par l’inutilité de leurs efforts ; mais ces tentatives renouvelées sans cesse témoignent, malgré leur insuffisance, de la puissante vitalité d’une société affectée de plaies si profondes.

Les nouveaux asiles de nuit, dont la fondation vient d’être proposée aux syndicats métropolitains par le conseil de la loi des pauvres, seraient établis à l’instar du refuge de Playhouse-Yard, fondé à Londres depuis trente-huit ans au moyen de souscriptions volontaires. En 1857, l’année même où 69,009 admissions étaient accordées dans les vorkhouses de la capitale, l’asile de Playhouse-Yard en accordait 53,311, moyennant une dépense de 1,139 livres sterling. Il s’ouvre toute la nuit à tout venant et sans aucune condition ; mais l’assistance, pour être limitée aux besoins réels, n’y consiste qu’en une demi-livre de pain le soir, une demi-livre le lendemain matin, et pour coucher un matelas dans une chambre chauffée. Cependant, dans tous les cas d’inanition et d’épuisement, le médecin prescrit les alimens et les soins convenables, et nombre de malheureux, dit le rapport officiel que je consulte, sont ainsi arrachés à une mort imminente. Un autre refuge semblable, mais qui n’offre qu’un coucher de bois au lieu d’un matelas, est celui de Field-Lane, également soutenu par des souscriptions volontaires. La charité se pratique plus libéralement dans l’asile du Nord-Ouest, récemment reconstruit en mémoire de son fondateur, lord Dudley Coutt’s Stuart, et aussi dans celui de Leicester-Square, auquel donnent accès des billets accordés par les souscripteurs, et valables les uns pour un seul individu, les autres pour toute une famille. Tous les jours, à trois heures, dans ce dernier refuge, il se fait une distribution de vivres que les pauvres peuvent emporter chez eux ou bien manger dans la cuisine de l’établissement. Ce repas se compose de pain et de soupe dont chaque famille reçoit quatre pintes, et quand tous les individus pourvus de billets ont été servis, le reste se partage aux plus affamés de ceux qui, toujours en grand nombre, se présentent sans carte. Cet asile, le seul des établissemens privés de Londres qui distribue gratuitement des vivres toute l’année, a livré en 1856 180,441 repas ; il a donc nourri 494 personnes par jour. Son assistance ne se borne pas d’ailleurs à l’aumône alimentaire ; il héberge un grand nombre de gens sans place jusqu’à ce qu’ils en aient trouvé une, soit par leurs propres démarches, soit par celles des employés de la maison ; souvent même