Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 24.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

confédération germanique est un système d’états souverains liés ensemble par un pacte que l’on peut considérer comme un traité d’alliance entre des états égaux. La Vénétie appartiendra donc à ce titre à l’empereur François-Joseph : il en sera souverain avec toutes les conséquences légales qu’entraîne la souveraineté. La confédération italienne, formée par conséquent de souverainetés distinctes, ne pourra être établie que par un traité fédéral conclu entre les représentans légaux de ces souverainetés. De là, outre la présence au futur congrès des divers états italiens dont le sort sera débattu, la nécessité d’une conférence spéciale dans laquelle les représentans (légaux sans doute) de ces états délibéreront et arrêteront en commun le pacte fédéral qui fera loi pour tous. Au congrès de sanctionner les principes généraux qui devront présider à la reconstitution de l’Italie, à la conférence de régler la loi commune à la confédération italienne. Le mandat du futur congrès serait, suivant M. Debrauz, d’après le programme qui aurait été concerté à Biarritz, sous les auspices de l’empereur, entre M. le comte Walewski, le prince de Metternich et lord Cowley : 1° de prendre acte du traité définitif de paix signé à Zurich, 2° d’adhérer aux changemens territoriaux qui y sont stipulés, 3° d’examiner les moyens les plus propres à assurer la pacification de l’Italie. Le congrès se réunirait à Bruxelles dans le mois de décembre. Il se composerait des huit puissances qui ont signé l’acte final de Vienne, et par conséquent l’Espagne, la Suède et le Portugal y seraient représentés. L’auteur de la brochure assure que la marche en sera accélérée grâce à l’entente déjà établie sur les principales questions entre la France et l’Autriche, et ne met pas en doute que les propositions de ces puissances ne soient appuyées par la Prusse, la Russie et l’Espagne. Parmi ces combinaisons, qui se présenteraient comme convenues entre la France et l’Autriche, il en est une qu’il nous fait connaître. Cette combinaison est à ses yeux d’une importance capitale. À ce titre, il a placé cette révélation à la fin de son exposé, comme une pièce de haut goût. La voici : le duc de Parme échangerait une partie de son duché contre le duché de Modène ; mais ce déplacement s’accomplirait dans les limites du droit strict. Le duc de Modène n’a pas d’enfans, il céderait ses droits, « sans aucune espèce d’indemnité, » à sa nièce, l’archiduchesse Marie-Thérèse, qui n’a que dix ans, et qui serait fiancée au jeune duc de Parme. Parme et Plaisance passeraient à la Sardaigne ainsi que les districts sur lesquels elle possède des droits éventuels de réversion. On trouverait aussi dans cette combinaison à donner quelque accroissement à la Toscane. « La part, dit en finissant le chevalier Debrauz, que l’Autriche et la France font au roi Victor-Emmanuel est trop belle encore pour que le Piémont ne renonce pas, et pour toujours, à des projets d’annexion inadmissibles. La combinaison que nous venons d’exposer est donc considérée à bon droit comme la clé de voûte de la prochaine pacification de l’Italie. »

Nous avons eu trop souvent occasion, depuis trois mois, d’opposer à la plupart des idées et des combinaisons que nous venons d’analyser nos objections raisonnées, pour avoir besoin de recommencer une discussion nouvelle. La satisfaction seule que de telles vues et de tels projets inspirent à une plume autrichienne serait un motif pour nous de persévérer dans nos convictions antérieures. Le roman que M. Debrauz appelle la pacification de