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commencés. Toutes les marines du globe sont intéressées à la réalisation de cette grande entreprise : elles y verront des motifs nouveaux de se diriger vers nos côtes, et l’avenir bénira les mains qui l’auront terminée.

L’administration des douanes, dont les instructives publications gagnent chaque année en intérêt et en précision, a donné récemment le détail du mouvement des marchandises dans nos onze principaux ports. Il est superflu de dire que l’estime qu’elle leur accorde a pour mesure la quotité des droits qu’elle perçoit sur chacun. Le Havre figure en première ligne dans cette série de tableaux. Dans le courant de l’année 1858, ce port a reçu pour 430 millions de marchandises étrangères ; il a exporté pour 652 millions de marchandises étrangères ou françaises. Les tonnages correspondans à ces mouvemens sont en raison inverse des valeurs : l’importation est de 6,111,000 quintaux, et l’exportation de 2,342,000. Si dans la masse on prend à part les consommations et les provenances françaises, on voit que nous avons reçu des marchandises pesant 4,578,000 quintaux et valant 338,717,000 francs, et que nous en avons exporté 1,203,000 quintaux valant 384,100,000 francs. Ainsi la valeur du quintal métrique importé est de 74 francs, et celle du quintal métrique exporté de 319 francs. Ces résultats ne sont peut-être pas très satisfaisans au point de vue des intérêts maritimes ; mais ils mettent en relief le rôle que joue le port du Havre dans l’économie industrielle du pays. Sauf le sucre, le tabac et les vins, il ne reçoit guère que des matières premières et n’exporte guère aussi que des produits manufacturés[1]. Soit par ce qu’il importe, soit par ce qu’il exporte, le port du Havre dessert les besoins des villes les plus opulentes et des campagnes les plus reculées. Il alimente les filatures de l’Alsace ; il expédie sur les côtes des deux Océans les fruits du travail des montagnards du Lyonnais ; il féconde les sueurs des vignerons de la Bourgogne et de la Champagne. Il n’est pas permis d’oublier ici les échanges de marchandises entre étrangers qui s’opèrent dans ses entrepôts : ils ont roulé l’année dernière sur une valeur de 360 millions, dont le double transport à l’arrivée et au départ a enrichi la navigation ou le transit. L’entrepôt du Havre, qui facilite ces échanges en les affranchissant des droits et des formalités de douane, contient habituellement de 60 à 80 millions de marchandises. Ce n’est point un médiocre avantage pour un pays que l’accroissement d’achalandage que les transactions entre étrangers

  1. En tête des premières figurent des cotons en laine pour 132,482,000 fr., des métaux bruts pour 50,971,000 fr., et 179,000 tonnes de houille ; en tête des secondes, des tissus de soie pour 123,210,000 fr., et des tissus de laine, de coton et de lin pour 88,207,000 fr. Les vins entrent pour 16,094,000 fr. dans les exportations.