notions à l’aide desquelles nous nous orientons ? Le soleil et le monde étoilé. Imaginez un instant que nous n’ayons ni nord, ni sud, ni orient, ni occident : comment la navigation sera-t-elle possible, partant le commerce, les voyages, tout ce que l’homme gagne en changeant simplement de place sur notre globe ?
L’astronomie est de plus le centre et comme l’âme de tout mouvement scientifique ; c’est elle qui a suscité les plus grands progrès de la physique, qui a présidé de tout temps au développement des mathématiques. Les observatoires sont ainsi les véritables temples de la science : dans ces retraites silencieuses et fermées au vulgaire se poursuit la nuit comme le jour l’éternelle étude de la nature sidérale ; des générations d’observateurs patiens s’y transmettent d’âge en âge les nombres énigmatiques avec lesquels ils écrivent l’histoire du monde. Si grand est mon respect pour ces hautes recherches, que je n’ai jamais passé sans émotion le seuil écarté d’une de ces demeures. Les spectacles étranges qu’on y contemple, ces pâles lueurs qui se dissolvent en étoiles sous le grossissement des télescopes, le disque lunaire froid et désolé, Saturne et son mystérieux anneau, la solennelle précision des mouvemens célestes, le battement régulier des pendules qui comptent non plus l’heure de nos plaisirs et de nos peines, mais la marche des mondes, tout y excite fortement l’imagination et la transporte vers les plus hautes pensées. La place que tient l’astronomie parmi les objets de notre vénération est si élevée, que les astronomes nous paraissent d’habitude plus grands que les autres savans. Combien de noms, même parmi les plus illustres, ne fait point pâlir celui de Galilée ou de Newton ? De telles gloires ont en partage quelque chose de l’immobilité et de l’éternité des phénomènes sur lesquels ces grands génies se sont exercés. Pendant la ferveur de la jeunesse, celui qui étudie les sciences se figure volontiers l’astronome comme un sage, vivant loin des hommes, absorbé dans la contemplation des phénomènes célestes, sans autre passion que la recherche des vérités éternelles, inaccessible à la haine, à la rancune, à l’envie, qui remplissent de leur venin les amer vulgaires. Si de tristes exemples sont propres à détruire une semblable illusion et nous offrent le plus éclatant divorce « d’un grand talent et d’un beau caractère, » nous trouvons pourtant dans l’histoire scientifique quelques figures harmonieuses qui réalisent l’idéal que je viens de tracer.
L’une des plus pures est assurément celle de M. William Bond. Ce savant américain, dont le nom n’est en Europe connu que des astronomes, est l’objet parmi ses compatriotes d’une estime universelle et bien méritée. Raconter les principaux travaux de ce patient et