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passer dans le plan méridien, c’est-à-dire dans le plan qui de l’observateur s’étend jusqu’à l’axe immobile autour duquel nous voyons les corps célestes accomplir leur révolution en vingt-quatre heures. Quand une étoile vient passer au centre de la lunette avec laquelle on l’observe, on note l’instant fugitif de son passage. Pour cela, on peut employer diverses méthodes. Voici en quoi consiste la plus ordinaire : pendant que l’astronome a l’œil à la lunette, un aide observe le chronomètre ; au moment précis où le premier voit l’étoile devant le fil[1], il articule un son, et le second note aussitôt le temps. Il y a un léger intervalle inévitable entre les impressions des deux observateurs, et l’on peut d’autant moins en tenir compte qu’il est évidemment variable, non-seulement entre des personnes différentes, mais encore avec les mêmes personnes, à des momens divers. Les perceptions ne sont pas toujours également rapides ; la voix et le regard ne suivent l’impulsion de la volonté qu’avec une complaisance incertaine et très changeante.

L’observateur peut aussi compter lui-même les battemens du pendule et estimer la fraction de seconde écoulée au moment précis du passage, ou bien la distance de l’astre au point de croisement des fils d’abord d’un côté, puis de l’autre quand deux battemens successifs se, font entendre ; mais ces résultats varient de même toujours d’un observateur à l’autre. À Cambridge, on a employé longtemps un chronomètre à demi-seconde, mis préalablement d’accord avec le pendule astronomique. On n’avait ainsi à estimer qu’une fraction de demi-seconde ; mais l’observation était entachée ordinairement d’une erreur qui tenait à la différence de marche du chronomètre portatif et du pendule.

La méthode électro-magnétique laisse bien loin derrière elle en précision toutes celles qu’on vient d’énumérer, et les perfectionnerons qui en ont rendu l’emploi très facile sont dus presque entièrement à William Bond. Au moment où il aperçoit l’étoile, l’astronome, dans cette méthode, n’a qu’à presser légèrement un petit bouton, et une marque est instantanément laissée sur un papier qui se déroule avec une vitesse constante, et sur lequel se trouvent tracées d’avance des divisions correspondantes aux heures, aux minutes et aux secondes ; de cette façon, chaque astre au moment de son passage s’inscrit en quelque sorte mécaniquement à la place horaire qu’il occupe dans l’immense cadran des cieux, et l’on peut dresser

  1. On comprend que les lunettes astronomiques ayant un certain diamètre, la ligne idéale qui joint l’œil de l’observateur aux étoiles doive occuper une position invariable dans le tube de la lunette : c’est ce qu’on obtient en plaçant au foyer de la lunette des fils croisés d’une extrême finesse ; l’instant précis de l’observation est alors celui où l’étoile vient passer devant le point de croisement des fils.