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et ces observations sont devenues l’objet d’intéressantes études sur la vitesse des courans électriques. On s’est aussi occupé de déterminer avec une grande exactitude les différences de longitude par rapport à l’Angleterre ; et c’est M. William Bond qui a été chargé pendant longtemps de présider à un système régulier d’observations chronométriques faites à l’aide des steamers qui traversent régulièrement l’Atlantique entre les États-Unis et l’Angleterre. On conçoit sans peine de quelle importance est la détermination des longitudes relatives des observatoires situés dans des contrées différentes : les observations faites dans l’un de ces établissemens ne peuvent servir aux autres, si cette détermination n’est pas obtenue avec une exactitude parfaite. Dès que cet élément est fixé au contraire, Greenwich, Cambridge, Paris, ne sont plus en quelque sorte qu’un seul et même observatoire.

L’initiative du pouvoir fédéral d’une part, de l’autre celle des corporations académiques et des individus ont donc donné une impulsion marquée aux études astronomiques dans l’Union américaine. Les États-Unis ont ce grand avantage de pouvoir profiter de tout ce que la longue expérience des astronomes européens leur a enseigné ; on peut y créer de toutes pièces des observatoires parfaits, placés dans les meilleures conditions d’installation, en évitant des fautes qui ont créé beaucoup d’embarras dans quelques-uns des anciens observatoires de l’Europe. Dès le début, les astronomes y sont armés de ces merveilleux instrumens que fournit l’industrie moderne, et sans lesquels le progrès scientifique est devenu impossible. Que ne peut-on pas obtenir avec les lunettes équatoriales, les lunettes méridiennes, les cercles muraux, les chronomètres, sortis des ateliers des grands constructeurs français, anglais et allemands ! Les instrumens météorologiques ne leur cèdent pas en précision ; mais en Amérique comme en Europe, sans chercher à en déprécier l’importance, on ne peut s’empêcher de craindre par instans que les observations relatives à la météorologie ne prennent trop le pas sur les observations astronomiques mêmes. Cette tendance est d’autant plus à redouter aux États-Unis que les belles études du lieutenant Maury y ont mis la météorologie en très grand honneur, et que le public, qui dote les observatoires, est plus disposé à en attendre des travaux dont il peut apprécier le côté pratique que des observations dont la nature lui échappe, et qui doivent s’accumuler quelquefois pendant des siècles avant que l’analyse en fasse jaillir une découverte. Les astronomes de Cambridge n’ont jamais négligé l’astronomie pratique : ils ont rendu les plus grands services à l’expédition hydrographique des États-Unis, ils n’ont même pas dédaigné de régler les chronomètres des paquebots à vapeur ; mais