Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 25.djvu/462

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le taillis, qui est de beaucoup le plus ancien, n’exige que fort peu de soin. C’est la sylviculture à l’état rudimentaire. Comme il repose essentiellement sur la reproduction des souches, on se borne en général à veiller à ce qu’elles conservent leur vigueur le plus longtemps possible. On évite à cet effet d’exploiter les taillis trop jeunes ou trop âgés : dans le premier cas, les souches, fatiguées par des exploitations répétées, s’épuiseraient rapidement ; dans le second, elles n’auraient plus la vitalité nécessaire pour donner des rejets vigoureux. Dans nos climats, c’est, suivant les essences, entre quinze et quarante ans qu’il convient d’exploiter les taillis. Dans les forêts gérées en France par l’administration, la limite inférieure a été fixée à vingt-cinq ans, à moins cependant qu’il ne s’agisse de bois tendres, dont la croissance rapide permet de devancer l’époque normale. Des révolutions[1] aussi courtes ne peuvent évidemment donner de bois de fortes dimensions, et sauf quelques exceptions, comme les écorces de chêne par exemple, les produits du taillis sont exclusivement propres au chauffage. C’est pour éviter cet inconvénient qu’on a imaginé un système mixte, appelé taillis composé ou taillis-sous-futaie. Il consiste à laisser sur pied, à chaque exploitation, un certain nombre d’arbres destinés à acquérir tout le développement dont ils sont susceptibles, et à fournir, lorsqu’ils ont atteint leur maturité, des bois propres aux constructions et à l’industrie. Ces arbres, qu’on a soin de répartir le plus régulièrement possible, portent, suivant leur âge, les noms de baliveaux[2], modernes ou anciens : dénominations fort singulières, dont il est difficile aujourd’hui de déterminer l’origine. La plupart des forêts des environs de Paris, celles de Meudon, de Bondy, de Fausse-Repose, de Verrières, etc., sont exploitées en taillis-sous-futaie ; les bois de Boulogne et de Vincennes l’étaient également avant leur transformation en promenades publiques, comme il est facile de s’en assurer d’un côté aux rejets de souches qui forment les cépées, de l’autre aux arbres plus âgés qu’on rencontre épars dans les massifs.

Le taillis composé est déjà un progrès sur le taillis simple, puisqu’il donne des produits plus précieux ; mais il lui est supérieur encore à un autre point de vue, en ce qu’il assure davantage la conservation des bonnes essences. Après quelques révolutions en

  1. On appelle révolution turnus le nombre d’années fixé pour l’exploitation d’une forêt, parce qu’elles forment un cycle à l’expiration duquel les mêmes parties reviennent en tour d’exploitation.
  2. Le mot baliveau vient très probablement de balivi, nom qu’on donnait chez les Romains aux magistrats chargés de la surveillance des forêts.