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de certains phénomènes magnétiques, mais elles niaient absolument que la magnétisation y fût pour quelque chose. Elles observaient que les procédés dont les magnétiseurs font usage sont extrêmement divers et sans connexité bien sensible entre eux, que la faculté dite magnétique agit très différemment sur les individus et n’aboutit le plus souvent à aucun résultat; elles en concluaient que la cause véritable des phénomènes est l’impression faite sur l’imagination de l’individu magnétisé. Ceux qui tombent dans l’état somnambulique sont déjà presque toujours en proie à une affection nerveuse ou possèdent un tempérament très impressionnable. Sous l’empire d’une préoccupation, d’une sorte d’attente craintive, ils finissent par entrer dans une véritable crise hystérique ou cataleptique, et l’on rapporte au magnétisme animal des effets nerveux simplement dus à la maladie passagère qui se déclare.

Cette opinion est assurément plausible, et elle s’appuie sur des observations en apparence décisives. Un partisan enthousiaste du magnétisme animal dont j’ai déjà invoqué le témoignage, le baron Dupotet, rapporte que, s’étant placé près de certaines personnes persuadées qu’il allait les magnétiser, il les vit tomber dans l’état somnambulique, quoiqu’il n’eût employé aucun procédé de magnétisation et n’en eût pas même la pensée. Ce serait donc une pure influence de l’imagination qui produirait tous les résultats du magnétisme. Quelques magnétiseurs, le célèbre abbé Faria par exemple, n’ont eu recours pour endormir leurs malades qu’à la seule force de la volonté; il les regardait fixement, et au seul mot de dormez, le sommeil s’emparait d’eux. On peut facilement, j’en conviens, abuser un magnétiseur si confiant dans la vertu de son regard; mais le général Noizet lui-même déclare avoir subi l’influence de ce terrible dormez. A peine l’eut-il entendu qu’un voile épais se répandit sur ses yeux; une défaillance s’empara de lui, accompagnée d’une sueur légère et d’une forte oppression à l’estomac; toutefois, quoiqu’il ait répété l’expérience, l’émotion n’alla point jusqu’au sommeil. Tout cela ressemble certainement beaucoup à des effets de l’imagination, et quand on compare la différence profonde qui sépare les procédés de Mesmer de ceux de M. de Puységur, on est frappé de la similitude des résultats déterminés par des méthodes si diverses, et l’on se trouve naturellement porté à ne voir dans le magnétisme, comme dans les opérations du magicien, qu’un moyen de frapper les esprits et de les préparer à toutes les illusions.

Toutefois il faut craindre ici de se payer de mots. Comme l’ont demandé avec raison les défenseurs du magnétisme animal, qu’est-ce qu’agir sur l’imagination? en quoi cela consiste-t-il, et cette expression n’aurait-elle pas une élasticité qui dispenserait d’aller au