le capitaine Loquingham, à Henri VIII par le secrétaire Château. Il invita le frère de l’empereur à faire lever immédiatement les dix mille lansquenets à la tête desquels devait se mettre le duc d( ; Bourbon au moment de sa révolte, et il proposa au roi d’Angleterre de ratifier ce traité en ce qui le concernait, ou d’en conclure promptement un semblable. Il se rendit ensuite le plus vite qu’il put à Gênes pour gagner de là l’Espagne, y rendre compte à l’empereur de ce qu’il avait conclu en son nom, et hâter les préparatifs de l’invasion convenue.
Le lendemain de cet engagement du connétable de France avec le plus redoutable ennemi de son pays, Saint-Vallier, épouvanté, s’il faut l’en croire, de l’énormité d’un pareil attentat et de ses funestes suites, chercha à en détourner Bourbon par les plus vraies comme par les plus pathétiques raisons. « Monsieur, lui dit-il, avec cette alliance que l’on vous présente, vous devez être cause que l’empereur et le roi d’Angleterre, les Allemands, Espagnols et Anglais entreront en France. Pensez au gros mal qui s’en suivra, tant en effusion de sang humain que destructions de villes, bonnes maisons, églises, forcements de femmes et autres calamités qui viennent de la guerre, et considérez que vous estes sorti de la maison de France et l’un des principaux princes qui soient aujourd’huy dans le royaulme et tant aymé et estimé de tout le monde que chascun se réjouist de vous veoir. Et si vous venez à estre occasion de la ruyne de ce royaulme, vous serez la plus maudite personne qui jamais fust, et les malédictions qu’on vous donnera dureront raille ans après vostre mort. Songez aussi à la grande trahison que vous faites ; après que le roy sera party pour l’Italie et vous aura laissé en France se fiant de vous, vous irez luy donner à des et le destruire ainsi que son royaulme. Je vous prie pour l’amour de Dieu de considérer tout cela, et si vous n’avez égard au roy, à madame sa mère, lesquels vous dites vous tenir tort, au moins ayez égard à la reine et à messieurs ses enfans. Ne veuillez causer la perdition de ce royaulme, dont les ennemis, après que vous les aurez introduits, vous chasseront vous-même[1]. »
Le connétable, ému au dire de Saint-Vallier, répondit : « Cousin, que veux-tu que je fasse ? Le roi et madame me veulent détruire. Déjà ils ont pris une partie de ce que j’ai. — Monsieur, répliqua Saint-Vallier, laissez, je vous prie, toutes ces meschantes entreprises ; recommandez-vous à Dieu et parlez franchement au roy. » — Le connétable sembla disposé à abandonner ses pernicieux desseins ; mais s’il fut ébranlé un moment, il se remit bientôt. Les animosités passionnées et les intérêts menacés qui les lui avaient fait
- ↑ Interrogatoire de Saint-Vallier du 23 octobre, — Mss. Dupuy, n" 484, f. 214 r° et v°.