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dans lesquelles il confirmait ses engagemens[1]. Il se croyait, d’ailleurs trop compromis dans l’esprit du roi pour espérer rentrer sincèrement en grâce, et il ne comptait pas sur l’exécution de promesses qu’il croyait arrachées par la nécessité et variables comme elle. Il s’obstina dans son entreprise, et afin de pouvoir l’accomplir, il évita de se rendre auprès de François Ier tout en se montrant disposé à le suivre, dans l’espérance que François Ier se déciderait à passer les Alpes sans qu’il l’eût rejoint. Il différa ainsi près de deux semaines son départ pour Lyon, où le roi persévéra prudemment à l’attendre.

Ce prince, lassé et inquiet de si longs retards, fit partir en poste un gentilhomme de sa chambre, Perot de Warthy, pour presser la venue du connétable. Warthy le trouva étendu sur son lit et s’acquitta de sa commission en lui renouvelant de la part du roi toutes les assurances que le roi lui avait données récemment à Moulins[2]. Le connétable chargea Warthy de remercier François Ier et de lui dire qu’il se sentait un peu mieux, qu’il s’était promené quelques instans sur sa mule dans la matinée, qu’il irait le lendemain au parc de Moulins pour s’accoutumer à l’air et au mouvement, qu’il délogerait dans trois jours au plus tard, et servirait le roi partout où il voudrait le mettre. Comme François Ier exprimait l’ardent désir de se trouver en Lombardie, où pour cent mille écus, faisait-il dire au connétable, il voudrait être déjà[3], le connétable lui donna par Warthy le conseil indirect de s’y transporter au plus vite, en soutenant que sur toutes choses il avait besoin de diligence[4].

Malgré cette insinuation et sa propre envie, le roi ne bougea pas de Lyon. N’y voyant pas arriver le connétable, il dépêcha de nouveau vers lui Perot de Warthy le mardi 1er septembre. Cette fois Warthy rencontra le connétable en route. Il le trouva à Saint-Gerand-de-Vaux, à une lieue de Varennes. Il avait l’ordre de ne plus le quitter, de le prévenir que le roi n’attendait que lui pour passer en Italie, et d’ajouter qu’il laisserait aux environs de Lyon une troupe de quatre ou cinq mille hommes à cause du grand nombre de lansquenets qui s’amassaient du côté de la Bourgogne. C’étaient les lansquenets qui, levés en Allemagne et placés sous le commandement des comtes Guillaume et Félix de Furstenberg, devaient joindre le duc de Bourbon après que le roi François Ier aurait franchi les Alpes.

  1. Déposition de Saint-Bonnet du 25 septembre. — Ibid., f. 51 v°.
  2. Déposition de Warthy. — Ibid., f. 28 v°.
  3. Il chargeait Robert de Grossone de lui annoncer « que les affaires de Milan se portoient très bien, et qu’il eust voulu avoir donné cent mille écus pour qu’il eust esté où estoit monseigneur l’admiral. » Déposition de Robert de Grossome. — Ibid., f. 80 r°.
  4. Déposition de Warthy. — Ibid., f. 29 v°.