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les routes, les ports, les canaux, et à exécuter les travaux prescrits par une autre lettre impériale pour parer aux ravages périodiques des inondations.

On annonce l’intention de réduire autant que possible les frais de transport et d’établir à cet effet une juste concurrence entre les chemins de fer et les canaux. Cette partie du programme est des plus séduisantes, mais en même temps des plus difficiles à réaliser. Les trois quarts au moins de nos canaux se concentrent dans un quart du territoire ; trente-six départemens n’en ont pas du tout, trente autres en ont si peu qu’il ne vaut pas la peine d’en parler. Non-seulement la concurrence est impossible partout où les canaux n’existent pas, mais même pour quelques-uns des canaux existans les chemins de fer ont pris leurs précautions. Tels sont le canal latéral à la Garonne et le canal des deux mers, qui. appartiennent aujourd’hui, le premier en toute propriété, le second par un bail à long terme, à la compagnie des chemins de fer du Midi. La concurrence ne pourra réellement s’établir que dans dix ou douze départemens, et là elle existe déjà.

On paraît, il est vrai, disposé à supprimer tout à fait les droits de péage sur les canaux; ces droits suffisent à peine aujourd’hui à l’entretien de nos voies artificielles de navigation. Il serait sans doute fort heureux qu’on pût supprimer d’un mot les frais en toute chose; mais puisque nous sommes disposés à suivre désormais les règles d’une bonne économie politique, nous ne devons pas oublier que les canaux ont coûté à construire et qu’ils coûtent à entretenir. Rejeter complètement sur la totalité des contribuables, qu’ils se servent ou non des canaux, les frais d’établissement et d’entretien, serait un acte peu conforme aux principes; rien pour rien, c’est la devise de l’économie politique. Pourquoi les soixante départemens qui manquent de canaux contribueraient-ils à payer des dépenses dont ils ne profitent pas? L’existence seule des canaux constitue déjà un assez grand privilège pour les industries riveraines. Tous les canaux ne sont pas d’ailleurs sous la main de l’état, et il a fort à faire pour les y mettre.

La concurrence des canaux manquant généralement pour contraindre les chemins de fer à baisser leurs tarifs, il est difficile de comprendre comment le gouvernement pourra les y amener. Les tarifs ont été réglés par des conventions entre l’état et les compagnies. Comment revenir sur un contrat solennel? On aurait pu espérer dans d’autres temps établir une concurrence entre les chemins de fer eux-mêmes; ce moyen est devenu impossible depuis les fusions qui ont mis toutes les lignes entre les mains d’un très petit nombre de compagnies. D’un autre côté, on a habitué les action-