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comme il l’avait fait autrefois sur le champ de bataille de Marignan[1] ; mais l’ennemi n’avança pas davantage, et, tournant vers sa gauche, il côtoya l’Olonna et alla dresser son camp à l’est de Pavie.

Cette hésitation des impériaux parut une marque de crainte à François Ier, qui, dans le détour qu’ils avaient fait, vit un refus d’en venir aux mains. Il s’entretint de plus en plus dans la pensée de combattre avec la confiance de vaincre, et fut prêt à mettre un succès certain à la merci d’une bataille douteuse. « Nos ennemis, écrivit-il à sa mère avec jactance, sont allés baiser Milan, puis ils ont paru devant Belgiojoso ; mais l’amiral et quatre cents hommes d’armes leur ont fait tourner le nez. Ils se sont logés entre deux canaux, et, à cela, avons bien pu veoir qu’ils ne veulent point manger de la bataille. Suivant l’opinion que j’en ai toujours eue, je crois que la dernière chose que nos ennemys feront sera de nous combattre, car, à dire la vérité, nostre force est trop grosse pour la leur[2]. »

Les impériaux s’étant portés vers le côté de Pavie par où il semblait le plus facile de secourir cette ville et d’en rompre le blocus, François Ier, par un mouvement habile, se plaça en face d’eux. Il avait quitté San-Lanfranco pour Mirabello ; il se rendit alors du château de Mirabello aux abbayes de San-Paolo, San-Giacomo, San-Pietro, etc., qui s’étendaient à l’orient de la place assiégée. Il s’y établit avec la plus grande partie de ses troupes, laissant les Grisons de Salis et les Italiens de Jean de Médicis à la garde des retranchemens occidentaux et du cours du Tessin, tandis que le maréchal de Montmorency demeurait toujours dans l’île du sud et que le duc d’Alençon, avec un corps de fantassins et la plupart des hommes d’armes, occupait Mirabello et l’intérieur du parc. Distribuées sur des monticules, adossées vers le nord aux murailles du parc, touchant au Bas-Tessin vers le sud, couvertes à l’est par la Vernavola, qui coulait dans un lit assez profond avec des rives escarpées, ses troupes, au milieu desquelles il avait dressé son quartier, eurent une position inabordable, qu’il rendit plus forte encore en l’entourant de fossés et en la flanquant de bastions garnis de pièces d’artillerie. Il en fit un vrai camp retranché. Placé entre Pavie, qu’il serrait de près, et l’armée impériale, à laquelle il barrait le chemin, il empêchait l’une d’être secourue, l’autre de l’attaquer lui-même.

L’armée impériale ne pouvait pas essayer de forcer le passage sans s’exposer à une défaite. Ayant franchi l’Olona, dont elle s’était d’abord couverte, elle s’approcha à un demi-mille de l’armée française,

  1. Lettre du trésorier Babou à la duchesse de Savoie, le 3 février 1525, devant Pavie. — Dans Captivité, etc., p. 62.
  2. Lettre de François Ier à la régente sa mère, du 3 février 1525. — Dans Captivité, etc., p. 59.