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autre côté, le budget anglais ne demandait plus, en 1858, que 28,751,479 livres pour les intérêts et l’amortissement, tandis que le même service exigeait, en 1844,30,495,459 livres. L’allégement tient aux conditions des emprunts et au mécanisme de l’échiquier. Sur l’importation, il y a une lacune dans le document dont je m’appuie. Avant 1854, les chiffres manquent ; dans un document antérieur, les importations figurent, en 1842, pour 65,200,000 livres : elles sont, en 1854, de 152,389,053 ; en 1858, de 163,795,803 liv. Le mouvement de l’exportation est présenté avec plus de détail ; on a les états de toute la période. En 1844, le point de départ consiste dans une exportation de 58, 534, 705 livres, total déjà élevé, si on le compare à celui de 1842, exceptionnel, il est vrai, et qui n’est que de 47,300,000 livres. De 1844 à 1848, le chiffre reste stationnaire, il descend même à 52,849,445 livres dans cette année d’ébranlement européen ; mais à partir de 1849, date des grandes franchises, il monte à vue d’œil : 71,367,385 en 1850, 78,076,854 en 1852, 98,933,781 en 1853. La rupture avec la Russie et les débouchés qu’elle supprime ne l’arrêtent même pas ; il garde à peu près son niveau jusqu’en 1856 et 1857, où il monte à 115,826,948 et à 122,086,107 livres. En 1858, en pleine crise commerciale, il est encore de 116,614,331 livres. L’écart entre le moindre chiffre et le plus fort est de 75,786,107 pour 1842 et de 63,551,402 pour 1844 ; 2 milliards dans le premier cas, 1,600 millions dans le second ! Quel surcroît de travail et de salaires ces rapprochemens représentent ! Après avoir défrayé les besoins du pays, l’activité des régnicoles, moins contenue, mieux encouragée, a versé sur tous les points du globe cet incroyable excédant de produits. L’industrie des transports marche du même pas ; le transit d’une valeur en nombres ronds, de 2 millions de livres en 1851, passe à 4,500,000 livres en 1858 ; le tonnage des bâtimens, de 10,346,769 tonneaux en 1844, à 23,178,792 tonneaux en 1857 et 22,309,981 en 1858 ; les constructions navales, de 689 navires à voiles et à vapeur en 1844, à 1,278 en 1857 et 1,000 en 1858 : réponse péremptoire à ceux qui avaient annoncé qu’en renonçant à certains privilèges de navigation, l’Angleterre signait la condamnation de sa marine !

Ce travail de comparaison prend un intérêt plus vif encore quand on l’applique au sort des populations. Y a-t-il eu dans les naissances, dans les habitudes morales, dans le chiffre de la mortalité, dans l’état des pauvres, dans les institutions de prévoyance, dans le nombre des délits et des crimes, un mouvement en plus ou en moins qui corresponde à celui de cette fortune extérieure ? Le document officiel de 1859 est explicite là-dessus, il suffit de le citer. Le chiffre de la population s’est constamment accru : il était, en 1844, de