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des opérations qui donnent des revenus réguliers. La plupart des forêts des environs de Paris, celles de Saint-Germain, de Marly, de Meudon, de Verrières, sont exploitées de cette façon à des révolutions de vingt-cinq et trente ans : il en était de même des bois de Boulogne et de Vincennes avant leur transformation en promenade publique. Aujourd’hui on laisse dans ceux-ci les arbres se développer en toute liberté, et au lieu de les couper périodiquement, on se borne à extraire ça et là ceux qui viennent à périr avant l’âge. Pour ne parler que de la question d’agrément, il est à regretter que ces diverses forêts, si fréquentées par les étrangers et la population parisienne, n’aient pas toujours été soumises au régime de la futaie.

Dans les futaies, la détermination de la possibilité est plus compliquée, parce que la régénération de la forêt s’opérant par les semences et non plus par les souches, il devient impossible d’asseoir régulièrement les coupes de proche en proche, et par conséquent de les faire porter chaque année sur une étendue déterminée à l’avance. L’exploitation des futaies comporte en effet trois coupes successives. Lorsqu’un massif a atteint l’âge fixé par la révolution, on commence par enlever, une partie des arbres qui le composent, de manière à permettre à ceux qu’on laisse sur pied d’ensemencer le sol au moyen des graines qu’ils produisent et qui se disséminent naturellement ; c’est la coupe sombre. Une fois l’ensemencement fait, on abat une partie des arbres précédemment conservés, afin d’habituer peu à peu le jeune recru à l’action de la lumière ; c’est la coupe claire. Enfin, quand la nouvelle forêt est assez vigoureuse pour n’avoir plus rien à redouter des influences atmosphériques, on procède à la coupe définitive, qui consiste dans l’extraction des derniers arbres laissés sur pied. Ces diverses opérations qui demandent beaucoup d’habileté se succèdent à des intervalles indéterminés, suivant qu’elles sont jugées plus ou moins urgentes. Ici c’est une jeune forêt qu’il faut débarrasser des réserves qui l’écrasent ; plus loin c’est un semis qui menace de s’étioler, si l’on ne se hâte de lui donner de l’air et de la lumière ; ailleurs c’est un massif arrivé à maturité dont il faut commencer la régénération. Ces exploitations si variées et si imprévues ne pouvant pas rentrer dans le cadre régulier des coupes opérées par contenance, il a fallu baser la possibilité sur le volume et non plus sur l’étendue. Ce n’est donc plus en hectares, mais seulement en mètres cubes ou en stères de bois qu’il devient possible d’exprimer dans les futaies l’importance des exploitations.

Chaque année, nous l’avons dit, une couche nouvelle vient dans chaque arbre se superposer aux précédentes, et ajouter un certain nombre de mètres cubes de matière ligneuse à ceux qui constituent