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a également fait connaître celles qui ont été publiées par l’administration forestière du duché de Bade et qui sont employées dans ce pays. Enfin le docteur Pfeil a consigné dans son ouvrage sur la sylviculture pratique, le résultat des expériences faites dans les forêts de la Prusse. C’est en consultant ces tables qu’on peut se faire une idée exacte de la végétation des arbres ; comme elle y est exprimée par des chiffres, on se trouve à l’abri des illusions auxquelles on est si souvent exposé quand on parcourt les forêts. Tandis que dans un sol de qualité moyenne le volume d’un hectare de pins âgés de vingt ans dépasse 80 mètres cubes, il ne s’élève qu’à 24 dans un terrain maigre. C’est à l’âge de soixante-dix ans que cette essence atteint son maximum d’accroissement moyen ; elle donne à ce moment, dans le sol sablonneux des plaines de la Prusse, un accroissement annuel de près de 5 mètres cubes, un volume total de 311 mètres cubes environ par hectare. Au-delà de cet âge, ce volume va bien toujours en augmentant, puisque la végétation produit chaque année de nouveau bois, mais l’accroissement moyen diminue ; à quatre-vingts ans par exemple, le volume par hectare est de 335 mètres cubes, mais la production annuelle moyenne n’est plus que de Il mètres cubes, c’est-à-dire inférieure à ce qu’elle est à soixante-dix : d’où il suit que si l’on veut obtenir les plus grands produits en matière, c’est à ce dernier âge qu’il faut pratiquer F exploitation. Pour les hêtres, le maximum est atteint à cent vingt ans ; la production annuelle moyenne est alors de plus de 5 mètres cubes, et le volume total de 633 mètres cubes par hectare. Les chênes veulent être conduits plus loin encore ; il est rare qu’il soit avantageux de les exploiter avant l’âge de cent cinquante ans, et souvent on a intérêt à prolonger ce terme bien au-delà.

Ces expériences n’ont pas seulement eu pour but de déterminer le volume des bois aux différens âges, elles ont encore servi à faire connaître dans une même essence la proportion des diverses parties de l’arbre. C’est important à savoir, car toutes ces parties n’ont pas la même valeur ; la tige, qui est propre à la charpente et à l’industrie, est beaucoup plus précieuse que les branches, qui ne donnent que du bois de chauffage. Ces proportions varient suivant les conditions dans lesquelles la végétation a eu lieu : lorsque les arbres croissent en massif, les branches prennent moins de développement que lorsqu’ils sont isolés ; mais, toutes choses égales d’ailleurs, la tige est plus forte dans les chênes que dans les hêtres, et dans les pins que dans les chênes. On conçoit combien ces renseignemens sont utiles et combien ils peuvent contribuer aux- progrès de la culture forestière. Tout cultivateur sait ce que chaque hectare