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L'AMOUR ET LA MORT
LEGENDE ORIENTALE

I


« Enfant, que fais-tu là, sous ce myrte ? — L’orage
M’a bercé, j’ai dormi. — Suis-moi, je sais là-bas
Un gîte. J’aiderai le hasard de tes pas.
Au loin, comme un fruit d’or, à travers le feuillage,
Tremble une clarté chère à l’œil des voyageurs. »

Le vent, qui flagellait les chênes séculaires,
Promenait sur les monts l’écho de ses colères ;
La foudre ensanglantait la nuit de ses rougeurs,
La pluie à lourds torrens tombait du haut des nues,
Et la terre exhalait des plaintes inconnues.

L’enfant suivait la femme et lui serrait la main,
Pour ne pas s’égarer dans le rude chemin.

« Enfant, n’as-tu pas fui la maison de ta mère,
Qui sans doute t’attend, pleure et se désespère ?
As-tu cueilli des fleurs ou des nids dans les bois,
Et du toit maternel as-tu perdu la trace ?
N’es-tu qu’un mendiant, un porteur de besace ? »

L’adolescent lui dit de sa plus douce voix :
« Je suis archer ; voici mon arc. Toi, jeune fille,
Qui donc es-tu ? Cours-tu si tard les amoureux ?
— Non, je suis moissonneuse, et voilà ma faucille. »
Côte à côte, en silence, ils cheminaient tous deux.