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et qui, comme celle-ci, sont chargés d’émietter la surface des champs, d’arracher, d’exposer à l’air et au soleil, de détruire les racines des herbes parasites, enfin de recouvrir les semences ou les engrais-poudre répandus.

Quelque puissante que soit l’action de ces instrumens, il en est un plus parfait encore : c’est la herse norvégienne. Celle-ci se compose de plusieurs séries d’anneaux armés de longues dents, en un mot de hérissons enfilés dans des axes parallèles de manière à tourner, indépendamment, les uns des autres, en entrecroisant leurs pointes. On comprend que les mottes de terre sur lesquelles se promène, un tel mécanisme, tout à la fois perforées et déchirées, sont pulvérisées comme si plusieurs herses avaient opéré simultanément en sens contraire sur le même terrain.

Souvent, il importe d’ameublir la croûte extérieure du sol tout en maintenant ou même en augmentant la cohésion intrinsèque : c’est alors qu’intervient l’emploi des rouleaux, à disques tranchans ou à barres parallèles (rouleaux squelettes) et des rouleaux à pointes, dont le poids et les aspérités, agissent en même temps.

Après avoir été bien préparé, le sol doit recevoir la semence destinée à germer. Dans cette opération délicate, la machinerie rurale parvient encore, à remplacer en partie le travail des hommes. Elle a imaginé de grandes caisses ou trémies, c’est-à-dire des réservoirs de grains aboutissant par des tubes à des dents de rayonneur que suivent ou que ne suivent pas des appendices destinés à recouvrir la semence. Celle-ci, dont la chute est réglée par des cuillers, des cannelures, en un mot par d’ingénieux organes distributeurs, se débite régulièrement, sous l’influence d’engrenages que commandent les roues du semoir, dans les tubes conducteurs ; elle trouve préparé par la dent du rayonneur le sillon où elle doit être enfouie, et la herse qui marche après le semoir, ou même l’appendice qui fait partie de ce dernier, l’a bientôt recouverte. Évidemment, on peut avec de pareils engins économiser une certaine quantité de semence et répandre celle-ci avec une régularité extrême ; mais quiconque a remarqué les semoirs qui figuraient à l’exposition de 1860 a dû comprendre que l’emploi de ces instrumens exige une trop grande perfection de travaux préparatoires pour que l’économie finale soit sensible dans les années où le prix des grains n’atteint pas une énorme valeur. En outre de prix d’achat d’un bon appareil ne peut être que considérable, et le maniement du semoir exige des soins minutieux. Plusieurs agronomes contestent d’ailleurs l’opportunité des semis en lignes pour nos céréales, dont le mutuel soutien et la maturité simultanée paraissent se trouver mieux d’un semis à la volée ; aussi les semoirs ne sont-ils encore adoptés, que par peu de personnes