Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 28.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Plusieurs systèmes ont été essayés, plusieurs le sont infructueusement encore ; un seul est consacré par le succès. Il consiste en une scie à larges dents qui s’agite avec une extrême activité au milieu de longues dents fixes, et coupe ainsi les tiges qu’elle rencontre, comme le ferait un sécateur, en les appuyant sur les dents fixes entre lesquelles s’exécute sa course rapide. Ce sont les roues sur lesquelles est portée la machine qui, au moyen de divers engrenages, donnent à la scie mobile son mouvement de va-et-vient. Ce principe est commun aux faucheuses d’herbe et aux moissonneuses. Ces dernières toutefois ont besoin d’un moulinet qui rabatte devant elles les tiges à couper, les appuie quand elles sont saisies par la scie et les fasse incliner d’abord, puis tomber sur la table qui doit les recevoir. Les machines les plus perfectionnées se compliquent encontre d’hélices qui remplacent la table en question et conduisent les tiges de blé de l’autre côté de la moissonneuse, les déposant sur le sol, les épis en dehors, perpendiculairement au chemin tracé par là machine, en tas réguliers.

Il faut avouer que le moulinet peut, si sa marche est trop rapide et si la moisson se fait tard, égrener des épis. Il faut avouer encore que le travail des hélices ; en augmentant les rouages, exige une force plus considérable que si la moissonneuse se contentait d’imprimer à la scie son mouvement de va-et-vient. Cependant la perfection et la rapidité du travail font donner la préférence aux machines les plus complètes. Celles qui doivent être montées par des ouvriers s’exténuant, sous un soleil de canicule, à rabattre les tiges devant la scie et à les ramasser en javelles sur la table où elles tombent ne doivent pas être considérées comme satisfaisantes. L’homme qui monte une semblable machine doit surveiller sa scie : comment est-il possible de lui imposer une autre responsabilité ? La perfection du travail, l’économie du temps et des hommes sont mieux obtenues par les moissonneuses complètes ; il faut donc adopter celles-ci, quoiqu’elles coûtent un peu plus cher et soient un peu plus compliquées. On ne peut, à ce point de vue, qu’approuver les décisions déjà prises par les jurys dés précédens concours, et l’on reste convaincu que les mêmes jugemens seront toujours portés.

En même temps que l’exposition des machines avait lieu au Palais de l’Industrie, un concours international des instrument destinés à exécuter la récolte des fourrages avait lieu à Vincennes : 115 appareils figuraient sur le programme spécial. Ce chiffre, rapproché du petit nombre des instrumens exposés aux concours antérieurs, indique avec quelle ardente sollicitude là question est poursuivie par le public et les constructeurs. Ce sont les machines étrangères qui ont remporté le prix. Cela était juste ; il n’y a donc qu’à nous incliner devant leur incontestable supériorité, et à les employer de pré-