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cès-verbaux des discussions du sénat sont communiqués au gouvernement ; une fois communiqués, le gouvernement peut les publier, comme il publie les documens de toute sorte qu’il veut porter à la connaissance du public. On peut regretter que le sénat ne soit pas maître de sa publicité, que les procès-verbaux de ses discussions doivent passer par le gouvernement pour arriver au public. Les choses sont ainsi réglées. Ce n’est pas le sénat qui publie ses séances, c’est le gouvernement ; mais cette publicité, toute dépendante qu’elle est, nous paraît bonne pour tout le monde : pour le sénat, à qui elle donne de la vie et dont elle manifeste la présence et l’action ; pour le gouvernement, à qui elle donne l’avantage de mettre en mouvement la constitution de 1852 dans ses divers ressorts et de montrer qu’elle ne se réduit pas à l’autocratie pure, que, loin de là, elle admet aussi la discussion et la délibération parlementaires ; elle est bonne enfin pour le public, qu’elle avertit des moyens qu’il a d’exprimer son opinion et de la faire connaître aux corps de l’état.

On sait que c’est à propos de la pétition des catholiques sur la papauté que le gouvernement a pour la première fois publié les procès-verbaux des discussions du sénat. On a dit que dans cette occasion le gouvernement avait senti le besoin de s’appuyer de l’opinion d’un des corps de l’état pour résister aux réclamations des catholiques : c’est possible ; mais où est le mal ? Et n’est-ce pas une chose excellente que ce soit dans une question toute politique et toute morale que le gouvernement ait introduit la publicité au sénat ? Il a montré par là qu’il comprenait l’utilité de la publicité dans ce qui touche aux questions de conscience. Il faut, dans ces questions, parler à l’opinion publique et tâcher de l’avoir pour soi. On a pu regretter que, dans la discussion engagée au sénat sur la papauté, quelques pieux orateurs se soient trouvés surpris par cette publicité inattendue, et qu’ils n’aient pas répondu à l’attente catholique. Dorénavant cette surprise n’est plus possible. Tout le monde au sénat sait maintenant que le public écoute ce qui s’y dit. Le gouvernement en effet n’a pas borné ses publications à la discussion sur la papauté ; le public non plus n’a pas borné ses pétitions aux réclamations des catholiques : il a pétitionné sur le traité de commerce avec l’Angleterre, sur la fixation des droits spécifiques, sur le chiffre de la protection promise à notre industrie par le traité de commerce ; il a pétitionné sur les congrégations religieuses. Toutes ces pétitions ont été discutées avec chaleur, parfois même avec une vivacité qui semblait se souvenir de nos anciennes institutions parlementaires ; toutes ces discussions ont été publiées, de telle sorte que le droit de pétition s’est accrédité dans le public, et que la publicité