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exagérés, le renouvellement par le recepage des ceps, les soins donnés à la taille, qui prépare la formation du bois d’une année à l’autre pour les sarmens à fruit, enfin l’ébourgeonnage, qui enlève toutes les pousses inutiles, permettent de limiter au strict nécessaire la végétation que la sève ascendante doit entretenir, et proportionnent ainsi la production des feuilles, rameaux, fleurs et fruits à la quantité de nourriture que le sol peut fournir, sans qu’il soit besoin d’engrais actifs en trop fortes doses.

M. Lavalle cite de nombreux proverbes qui ont cours parmi les vignerons de la Côte-d’Or sur l’époque à choisir pour la taille de la vigne, sur l’émondage, etc. Ges préceptes sont toujours vrais ; cependant on ne les doit appliquer qu’en tenant compte des circonstances locales. C’est ainsi que l’effeuillage, généralement utile pour hâter les progrès de la maturation au moment où le raisin commence à tourner, a bien plus d’importance dans les terrains plus ou moins argileux et humides que dans les sols sableux ou arides. Pour ces derniers, et surtout aux expositions chaudes, il convient de laisser sur les sarmens assez de feuilles pour abriter les fruits contre les ardeurs du soleil ; cette précaution est utile surtout dans les vignes à fruits rouges du Médoc. Non loin de là, les vignes à raisin blanc, les graves et les sauternes, peuvent au contraire profiter d’une forte insolation, car les fruits en deviennent plus sucrés et le vin plus alcoolique et d’une conservation plus longue, bien qu’il ne soit jamais pourvu des fortes proportions de tanin qui assurent la conservation du vin rouge.

Lorsqu’une vigne est usée, que le produit s’est considérablement amoindri, on ne peut replanter un cépage dans le même terrain qu’après une fumure, des labours et des cultures successives en céréales, prairies ou sainfoin durant plusieurs années. Ces replantations exigent parfois, des approvisionnemens de boutures que l’on peut aisément se procurer en suivant la méthode économique recommandée par M. J. Guyot : elle consiste à mettre en réserve sur son domaine ou à se procurer, en les achetant dans de bons vignobles, des sarmens de fins cépages qui chaque année, de décembre à mars, tombent sous la serpette à l’époque de la taille des vignes. Ces sarmens, enfouis en couches de 12 centimètres d’épaisseur environ dans des fosses plus ou moins longues et de 40 ou 50 centimètres de profondeur, puis recouverts de terre légèrement foulée, s’y conservent à l’abri des intempéries des saisons, et se trouvent favorablement disposés pour la plantation des vignobles ou des pépinières[1]. On a donc tout le temps de préparer le sol et d’effectuer

  1. L’humidité acquise sous terre assouplit l’écorce et facilite les développemens ultérieurs des racines sur les parties souterraines, de même sans doute que l’écorçage de cette portion des boutures, conseillé récemment et pratiqué avec succès.