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et plusieurs viticulteurs distingués, est lui-même des plus favorables à la végétation de la vigne, aux nombreuses façons qu’on lui donne et à la maturation du raisin.

A l’époque sans doute prochaine où l’on aura généralement adopté les moyens économiques de garantir les vignobles contre des chances multiples de ruine, on pourra facilement admettre le calcul suivant : 1 hectare coûtant en moyenne 4,750 francs pour frais de culture, le capital déboursé, en portant l’acquisition à 1,000 fr., sera d’environ 6,000 fr. à la fin de la septième année (déduction faite des récoltes obtenues dans les trois précédentes années) ; il laissera un revenu net, moyen de 1,000 francs, ou de 17 pour 100 du capital. Le bénéfice serait double si la culture exclusive en fins cépages produisait des vins d’une valeur commerciale de 50 francs l’hectolitre, car 80 hectolitres à l’hectare, représentant 4,000 francs, auraient coûté la huitième année, intérêts et frais de culture et d’abris spéciaux, 2,000 fr., laissant un bénéfice net de 2,000 francs. Dans les localités favorablement situées, la valeur de nos vins dépassera généralement ce taux, à dater surtout du moment où le traité de commerce avec l’Angleterre exercera son heureuse influence.


III

Après le choix du cépage, les soins de la culture, viennent les préoccupations qui touchent à l’avenir des récoltes, et une première question se présente. On s’est demandé si le climat de la France n’avait pas subi de graves variations, si l’époque de la vendange n’avait pas changé depuis quelques siècles et ne devait pas changer encore. On a pu répondre à cette question par des renseignemens précis tirés des archives de nos communes. À partir de l’année 1336, on voit les vendanges pratiquées à des époques variables, mais qui correspondent néanmoins assez généralement aux époques actuelles. Il n’y a guère d’exception que pour une seule contrée viticole. On a remarqué un retard assez notable depuis plus de cinquante ans dans les époques de la vendange du territoire de Dijon. Or ce retard coïncide avec le temps néfaste où l’on a successivement arraché les fins cépages de pineaux pour les remplacer par les plants grossiers de gamay, dont les raisins, plus volumineux, mais moins sucrés, mûrissent six ou huit jours plus tard. On ne remarque de semblables différences que dans les vignobles de plusieurs communes où cette fâcheuse pratique s’est introduite. Il reste établi en définitive que, sauf dans quelques cultures soumises à des conditions exceptionnellement défavorables, les époques de maturité sont demeurées les mêmes qu’autrefois.