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l’autre ramenant l’air chaud vers les pôles. Dans la région des tropiques, ces deux courans sont bien distincts et nettement séparés ; ils restent superposés l’un à l’autre sans se mélanger ; le courant inférieur forme ce qu’on nomme les vents alizés, si remarquables par leur constance et si favorables à la navigation. Dans la zone des climats tempérés, le courant équatorial et le courant polaire, ou en d’autres termes le vent chaud et le vent froid, sont au contraire constamment en conflit, et c’est à ce perpétuel combat que tient l’extrême variabilité du temps à nos latitudes.

On a vu comment le vent du sud tend à tourner vers l’ouest, et celui du nord vers l’est ; aussi peut-on dire que dans toutes nos régions européennes, en Angleterre, en France, en Allemagne, il n’y a que deux vents principaux, dont l’un oscille entre le sud et l’ouest et vient le plus généralement du sud-ouest, dont l’autre s’agite entre le nord et l’est et nous arrive de préférence dans la direction du nord-est. Dans les deux autres quadrans de la rose, entre l’ouest et le nord, l’est et le midi, il n’y a, on peut le dire, que des vents de transition, qui marquent le passage d’une des directions principales à l’autre. Lorsque le courant polaire doit succéder au courant équatorial à la surface de nos terres, le vent se porte du sud-ouest à l’ouest, puis passe rapidement du côté du nord. Le courant polaire règne pendant quelque temps, devient de plus en plus oriental ; de l’est, le vent saute vers le midi, et la même série de phénomènes se reproduit ainsi perpétuellement. La comparaison de la rose des vents avec une montre est donc, on le voit, parfaitement exact ; seulement, tandis que dans cette dernière l’aiguille avance avec une vitesse uniforme, dans la rose le mouvement de rotation des vents se fait avec des vitesses très inégales, et les courans séjournent surtout dans les angles opposés du nord-est et du sud-ouest.

Cette prédominance successive des vents détermine complètement les particularités les plus générales de nos climats. Le vent du nord et du nord-ouest vient du pôle ; l’air qu’il amène est froid, par conséquent lourd ; il fait monter le baromètre ; l’air qu’il rencontre est plus chargé de chaleur et d’humidité, puisque le courant polaire succède au courant équatorial : à ce contact, le vent du nord s’échauffe et s’empare de la vapeur d’eau, c’est-à-dire qu’il emporte et dissout les nuages. En hiver, ce vent de bise donnera donc un temps froid et clair ; en été, il éclaircira aussi le ciel et modérera la chaleur. On a remarqué que le vent polaire a en hiver une tendance plus septentrionale, en été plus orientale. Or, dans la partie de l’Europe que nous habitons, plus le vent se rapproche de l’est, plus il nous arrive desséché après avoir balayé les grandes régions continentales du nord de l’Asie, les monts Ourals et la Russie.