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union avec le Piémont dût être une diminution d’impôts, et cependant, à part la réduction des droits d’entrée résultant de l’union douanière, les anciennes perceptions ont été non-seulement maintenues, mais encore accrues du dixième de guerre imposé au Piémont. L’union douanière a réduit d’un quart le prix du sel, de 60 pour 100 le droit sur les sucres, de 30 pour 100 celui sur le café : en somme, c’est un bénéfice de 3 millions 1/2 pour les consommateurs lombards ; mais quant à l’impôt foncier par exemple, on s’est borné à nommer une commission chargée de l’adoucir par une péréquation équitable et de soumettre à l’impôt les propriétés qui en étaient affranchies jusqu’alors. Les anciennes taxes ont été maintenues, et le parlement seul aura qualité pour en modifier l’assiette et la perception en appliquant, s’il y a lieu, à toutes les parties du royaume une législation uniforme.

Le budget des recettes de 1860 pour la Lombardie s’est élevé à 86 millions, dont 33 millions 1/2 pour les gabelles et 51 millions 1/2 pour les contributions directes et l’enregistrement. La surtaxe de guerre imposée par la loi du 9 juillet 1859 figure dans ce total pour 5 millions. En 1859, les recettes de la Lombardie proprement dite s’élevaient à 84 millions 1/2 ; elles ont subi en 1860 une augmentation de plus de 6 millions en raison du dixième de guerre, et une diminution de près de 6 millions par la distraction d’une partie de la province de Mantoue appartenant précédemment à la Lombardie, et dont l’Autriche est restée maîtresse. Parmi les dépenses de la Lombardie, qui s’élèvent à 46 millions 1/2 dans le budget de 1860, les finances seules en réclament plus de 31, et les travaux publics 6. Le service de la dette publique se monte à près de 11 millions, soit 7 millions de moins qu’en 1859, à cause des deux cinquièmes de la dette lombardo-vénitienne reportés sur la Vénétie. Il n’y a rien à dire sur les dépenses spéciales de la Lombardie ; quant aux impôts qui y sont perçus et qui ont été maintenus après la réunion, le journal la Lombardia a fait une comparaison qui ne manque pas d’intérêt : les impôts en Piémont donnent un produit de 150 millions et en Lombardie de 80. Le Piémont a 5 millions d’habitans, c’est 30 francs par tête ; la Lombardie 2,800,000, c’est 28 fr. 50 cent, par individu. Comme on le voit, les contribuables lombards n’ont pas le droit de formuler des plaintes très vives, d’autant plus que depuis dix ans le Piémont supporte un déficit annuel supérieur à 10 millions dans l’intérêt exclusif de la cause italienne, et que, de l’année 1848 jusqu’à la conclusion de la paix de Zurich, la dette piémontaise s’est élevée de 150 à 1,200 millions.

La Toscane, au contraire de la Lombardie, passait à juste titre pour un des pays de l’Europe le plus économiquement administrés.