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çaise, sur 36 millions d’habitans, ne devrait pas s’élever à plus de 360,000 hommes.

Reste à examiner la situation financière du duché de Modène et des Romagnes avant leur annexion au Piémont. Sur une étendue un peu inférieure à celle du duché de Parme (109 milles géographiques), Modène renferme une population un peu plus élevée (604,500 habitans). Les recettes et les dépenses y atteignaient un chiffre à peu prés semblable. Le dernier budget de recettes connu se montait à 8 millions 1 /2 contre 8,700,000 fr. de dépenses. Le marquis Pepoli, dans le remarquable travail qu’il vient de publier sur les ressources financières de l’Emilie, évalue, pour 1859, les recettes à 10,800,000 fr. et les dépenses à 10,900,000 fr. ; mais, contrairement à ce qui existait dans le duché de Parme, l’état vraiment impraticable dans lequel le dernier gouvernement avait laissé toutes les routes montre qu’il était peu soucieux d’augmenter les dépenses utiles, et d’autre part ce fait que tout citoyen, riche ou pauvre, payait 72 francs d’impôt personnel, prouve que l’autorité souveraine cherchait à se procurer de grandes ressources fiscales employées à de tout autres besoins que ceux du pays. On conçoit qu’à ce prix les caisses publiques aient pu être suffisamment garnies lors du départ du duc François. Le duc de Modène ne se contenta pas d’emporter les meubles, la vaisselle d’or et d’argent, les pierreries, les médailles des musées, les manuscrits des bibliothèques : il retira 690,000 fr. de la caisse publique de Modène et 800,000 de celle de Reggio.

Quant aux Romagnes, il serait peut-être difficile de retrouver le total exact des dépenses, spécialement applicables aux Légations avant leur séparation des états de l’église ; mais, pour avoir une idée exacte des recettes qui leur étaient propres sur l’ensemble du budget pontifical, il n’y a qu’à consulter les comptes exactement rendus par M. le marquis Pepoli, ministre des finances du gouvernement provisoire des Romagnes. À chaque trimestre, le ministre a publié une note des dépenses faites et des revenus perçus. À la cessation de ses fonctions, il a adressé au ministre des finances piémontais un bilan complet de l’exercice précédent. Or, comme l’assiette et la répartition des impositions ont été provisoirement maintenues, il est permis de supposer que le revenu ordinaire des Romagnes s’élevait avant l’annexion au chiffre indiqué postérieurement par M. le marquis Pepoli. Le revenu pour 1859 était de près de 25 millions de francs.

En rapprochant ces différens chiffres des ressources propres aux provinces qui forment aujourd’hui le royaume de la Haute-Italie, et