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monte au chiffre de 61,722,033 francs. C’est une augmentation considérable. Quant à l’ensemble des dépenses ordinaires, en admettant pour type régulier le chiffre de 46 millions, donné par M. Pepoli, il ne dépasse pas le total que nous avons constaté en récapitulant les dépenses de Parme, de Modène et des Romagnes avant l’annexion.

Le vote du dernier emprunt et ces deux exposés partiels de la situation financière de 1860 démontrent donc qu’il y aura en 1861 un nouveau déficit, les mêmes circonstances étant données. Quel sera-t-il ? Le ministre des finances l’ignore lui-même. « La nécessité seule, disait-il, pourra en fixer le chiffre. » Quant au chiffre des recettes, de celles du moins qui reposent sur une base certaine, il n’est pas inutile de s’y arrêter, non-seulement parce que l’on peut déterminer s’il ne serait pas facile de les accroître pour satisfaire aux besoins publics urgens, mais encore parce que cela permettra de reconnaître si ces charges affectent également les diverses parties du nouveau royaume, et quel mode d’administration financière il convient de leur appliquer.

Les recettes ordinaires avec le dixième de guerre, d’après les documens officiels, montent pour 1860 en Piémont à 163 millions, en Lombardie à 86, en Toscane à 56, dans l’Emilie à 47, total 352 millions, chiffre supérieur de 14 millions au chiffre indiqué par le rapporteur de la commission de l’emprunt, qui évalue les recettes ordinaires du royaume entier à la somme de 338 millions. Prenons le total de 352 millions comme exact, sera-t-il possible de l’accroître au point de couvrir le déficit ? Nous avons déjà fait ressortir l’énormité des charges du Piémont proprement dit. La Lombardie supporte encore la surtaxe de 33 pour 100 imposée à la propriété foncière par le gouvernement autrichien. Il est impossible de songer à la frapper davantage. Ici donc et tout d’abord, soit qu’il faille pourvoir à de nouvelles charges en vue de complications extérieures, soit que l’on doive organiser à l’intérieur et fortifier les institutions du royaume-uni, ici se présente la grave question du régime administratif à y introduire et du système des impôts, question d’où dépend, à vrai dire, la solution d’un problème encore plus vaste, celui de l’unité de la péninsule tout entière.

Dans quelques pages récemment publiées[1], un des hommes les plus éclairés de la péninsule, M. G. Matteucci, se prononçait hautement pour une large décentralisation administrative. « On ne doit pas oublier, disait-il, que, dans un pays comme l’Italie, où tant d’intérêts sont à ménager, le vrai problème à résoudre est de concilier

  1. Dans la Revue du 15 juillet 1860.