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dient provisoire des budgets particuliers, né d’une nécessité momentanée, doit devenir le régime définitif de l’administration financière dans le royaume de la Haute-Italie. Qu’on laisse, si on le veut, les budgets des ministères de la guerre, de la marine et des affaires étrangères en dehors, que les chambres législatives en règlent les dépenses, mais que dans chacune des anciennes divisions territoriales une assemblée de province détermine la nature des impositions d’après d’anciens et respectables usages ; qu’elle accroisse elle-même les unes pour dégrever celles qui sont trop frappées. Elle aura toute qualité pour proposer de semblables modifications à la sanction définitive du parlement ou du gouvernement royal. Les assemblées provinciales seront plus compétentes que le parlement lui-même pour, reconnaître, les taxes susceptibles d’être substituées aux taxes excessives, les modifications à introduire, les ménagemens à concéder. Elles se conformeront aux habitudes, aux tendances, aux préjugés locaux ; leur action sera-plus efficace et moins suspecte. L’assemblée provinciale lombarde, par exemple, pourra augmenter la contribution des patentes, introduire le droit d’enregistrement et d’hypothèque, pour dégrever la contribution foncière ou la taxe de consommation dans les campagnes. En Toscane, sans demander aux revenus indirects d’autre augmentation que celle qui résulte du progrès des richesses, on n’excitera aucun mécontentement populaire en frappant de quelques centimes additionnels la propriété foncière tant ménagée. De telles indications suffisent amplement pour justifier, par rapport à l’assiette de l’impôt, le mode d’organisation intérieure que l’on conseille de toutes parts au gouvernement du roi Victor-Emmanuel d’introduire dans le nouveau royaume. On n’a pu jusqu’ici entreprendre l’œuvre d’une législation uniforme et soumettre à un même régime perfectionné les provinces nouvellement agrégées ; mais si cette unification, si cette assimilation complète doit se produire un jour, pour se faire accepter, pour porter des fruits durables, il. faut qu’elle soit le résultat de modifications successives admises par le vœu libre des provinces. Ce qui, de la part d’un gouvernement trop centralisé, paraîtrait violence et tyrannie, sera compris comme nécessaire ou juste, si des autorités provinciales, librement nommées, représentans naturels des intérêts locaux, l’ont proposé et voulu.

Qu’on nous permette de démontrer l’utilité du régime de décentralisation administrative en Italie par l’exemple de ce qui se passe en Autriche. Le nom de l’Autriche s’offre à l’esprit de quiconque pense aux destinées présentes et futures de l’Italie. Quoique nous nous soyons abstenu jusqu’ici de toute prévision de faits politiques, le parallèle financier de l’Autriche avec le nouveau royaume