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l’objet de travaux très sérieux, surtout depuis les belles recherches de M. Louis. Les maladies ont leur apparition régulière et leurs lois comme les phénomènes météorologique, dont elles sont le plus souvent l’effet. Si les unes, de même que ces attentats qui tiennent exclusivement aux agitations politiques ou à la cherté des subsistances, ne sévissent qu’à de longs intervalles et ne déterminent que des troubles accidentels, les autres se produisent périodiquement, se distribuent toujours de la même façon dans l’année pour un même pays, et, comme l’a montré un médecin anglais, M. William a Guy, correspondent dans leurs fluctuations aux causes physiques et aux conditions sociales qui les font naître. Il en est de même de la mortalité. Le docteur Marc d’Espine prouve, dans un livre qui est le fruit de nombreuses études et de comparaisons attentives, qu’il est possible d’arriver à formuler la loi d’après laquelle les individus périssent ; les statistiques des naissances conduisent à des résultats analogues. Dans toute l’Europe et jusqu’en Amérique, des médecins ont recueilli les élémens qui permettront de saisir les principes auxquels obéit ce qu’on pourrait appeler le renouvellement de l’humanité. Ces oscillations des phénomènes morbides ont été trouvées pour l’Angleterre plus grandes que celles de la criminalité, d’où l’on peut conclure que les faits moraux se présentent avec une plus grande régularité que les phénomènes physiques.

Pour rendre ses recherches plus complètes, M. Guerry a essayé de ranger par ordre les motifs excitateurs de tous les attentats justiciables des tribunaux (le rapport de ces crimes à un nombre supposé de 10,000 crimes étant toujours admis). On voit dans ces nouvelles tables que la cupidité et l’intérêt sont la cause prépondérante des crimes, que sur 10,000 cette cause en a déterminé 2, 139 ; ici la proportion des femmes est à peu près la même que celle des hommes. Les relations illégitimes occupent le chiffre de 1,263. Prenons-nous une classification moins générale, où figurent séparément des motifs groupés ensemble dans le premier tableau : nous trouvons pour la cupidité seule, sur 10,000 crimes, 1, 474 ; ici la proportion des hommes est beaucoup plus forte que celle des femmes. La jalousie entre époux ou amans donne 84, proportion à peu près la même pour les hommes et les femmes ; l’adultère 681, proportion presque doublé pour les hommes que pour les femmes ; la séduction 140, le concubinage 131, la débauche 185, les dissensions et haines de famille 1,244, proportion presque quadruple pour les hommes ; les rapports entre maîtres et serviteurs 57, l’avarice et la cruauté 50, l’ignorance et la perte de la raison 99. Du tableau dans lequel la cupidité et l’intérêt sont décomposés en leurs différentes manifestations, j’extrais encore les chiffres suivans : crimes commis pour faciliter le vol ou s’y rapportant, 1,074, proportion