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les effets. Dans ce cas, l’action du carbonate de chaux ne se borne pas à fournir à la nutrition végétale l’élément calcaire, elle s’exerce en outre sur les engrais organiques, en provoque une décomposition plus rapide, mais aussi en accélère la déperdition par la formation du carbonate d’ammoniaque volatil. Il est important de tenir compte de cette influence, soit que l’on veuille obtenir de rapides effets d’une fumure, soit au contraire qu’on se propose de conserver pendant un certain temps les engrais organiques à l’abri des déperditions avant de les répandre sur le sol. On peut de ces recherches déduire plusieurs conclusions pratiques assez importantes : dans les terres abondantes en carbonate de chaux, l’effet des fumures ne devant pas se prolonger beaucoup, il peut être utile de les renouveler tous les ans ; les terres argileuses, conservant mieux les engrais, permettent d’y répandre les fumures à de plus longs intervalles ; enfin les argiles desséchées peuvent être avantageusement employées comme litières terreuses, car elles diminuent beaucoup les émanations ammoniacales dans les étables, et conservent au fumier une plus grande richesse.

Les différentes marnes calcaires soumises dans des fours à une calcination intermittente ou continue donnent lieu, dans la Mayenne et dans plusieurs autres départemens, à de grandes et lucratives exploitations. Au point de vue de la fabrication de la chaux et de son emploi dans la culture des terres, la théorie et les effets remarquables de cette grande pratique agricole méritent de fixer un instant notre attention.

La pierre à chaux (chaux carbonatée), après avoir subi une calcination au rouge dans des fours spéciaux, ayant ainsi perdu l’eau contenue dans ses pores, ainsi que l’acide carbonique qu’elle renfermait à l’état de combinaison, est devenue plus légère et plus poreuse ; elle constitue dès lors la chaux vive, ainsi nommée parce que, humectée avec environ la moitié de son poids d’eau, elle absorbe aussitôt ce liquide s’échauffe vivement, pétille en se dilatant et se gonfle au point de tripler de volume ; l’élévation de la température peut alors atteindre près de 300 degrés et déterminer aisément l’inflammation du soufre lorsqu’on y plonge le bout d’une allumette. Ce phénomène dépend de la combinaison intime de la chaux vive avec l’eau, qui, subitement solidifiée, abandonne au moment même toute la chaleur qui la constituait à l’état liquide. La poudre blanche ainsi obtenue, dite chaux éteinte, pulvérulente, ou hydrate de chaux, est donc un composé de chaux et d’eau, la première substance étant égale à 76 pour 100, la seconde à 24 pour 100 du poids total.

Dans la pratique agricole, on effectue économiquement l’extinction de la chaux vive en la disposant en petits tas d’un tiers d’hectolitre, plus ou moins espacés, mais à des distances égales. On les